Patrick K. Dewdney
La Peste et la Vigne (Le cycle de Syffe, tome II)
Ed. Au Diable Vauvert
Nous ne sommes pas taillés dans le même bois, mon frère et moi. En ce qui me concerne, irrémédiablement cynique et profondément désabusé, je n’ai hérité ni de la mièvrerie, ni de la sensiblerie aveugle et éthérée de notre mère. Contrairement à lui. De fait, artistiquement, et en particulier en littérature, nous n’avons pas grand chose à nous dire. Il lit peu et l'un des rares moyens de lui mettre un livre entre les mains est d'en (sur)vendre la dimension romantique. Je me demande si je ne pourrais pas tenter le coup avec le cycle de Dewdney…
Après tout, La Peste et la Vigne est une histoire d'amour. C'est la quête d'un jeune homme pour retrouver celle qu'il aime. Evidemment, le roman est bien plus ample et beaucoup plus complexe que ce que ce résumé basique pourrait laisser penser mais si on le réduit à son plus simple appareil, il s'agit bel et bien d'une histoire d'amour. Maintenant, si on creuse un peu ou qu'au contraire on prend suffisamment de hauteur, on réalise vite que cette trame offre un second niveau de lecture : en cherchant Brindille, son amour de jeunesse, c'est lui-même que Syffe tente de retrouver, ce sont ses tourments qu'il combat, c'est à ses démons qu'il se heurte et qu'il tente d'apprivoiser. N'oublions pas que ce récit d'aventures picaresques est avant tout un roman d'apprentissage. Le jeune homme apprend la vie, découvre son environnement et évolue avec ceux qu'il croise, bons ou mauvais.
J'avais terminé mon billet concernant le premier volume en notant qu'il n'y avait pas "mais" jusqu'alors. Je pourrais poursuivre celui sur le deuxième en établissant le même constat : L'enfant de poussière était assez irréprochable, La Peste et la Vigne l'est également. Malgré un trou d'un an entre la lecture des deux romans, j'ai replongé sans peine dans la suite des aventures de Syffe, que j'ai retrouvé avec un plaisir total. Depuis la fin du premier volume, les années ont passé. Le roman continue à dérouler le fil des souvenir du narrateur qui d'enfant est devenu adolescent. Les décors sont toujours aussi somptueux, l'intrigue aussi fluide, l'action aussi bien menée, les thématiques aussi subtiles, la langue aussi riche et les personnages aussi nuancés et solides, Syffe comme les nombreux personnages qui gravitent autour de lui.
Maintenant, il ne faut pas oublier que le cycle est en cours. La dernière page de La Peste et la Vigne tournée, il y a toujours autant de pistes ouvertes et de questions sans réponses. Et l'auteur, joueur ou cruel, abandonne encore le personnage dans une situation inconfortable, jouant avec les nerfs du lecteur et le défiant de laisser Syffe en plan. Ce que je ne ferai certainement pas ! Pour sûr, je lirai Les Chiens et la Charrue !
D'ici là, j'offrirai à mon frère le premier volume du cycle. Présenté sous le bon angle, ça pourrait passer…
J'ai l'impression d'être une balle de ping-pong quand je lis des avis sur cette série : une fois ça me donne envie, une fois ça me dit que ce n'est pas pour moi, une fois oui, une fois non, une...
RépondreSupprimerÀ l'heure actuelle je ne me lancerai pas mais, te sachant l'oeil aiguisé, que tu trouves ces deux tomes irréprochables laisse songeur.
Je comprends, d'autant plus que c'est toujours un peu risqué de se lancer dans une série en cours. Disons que si le troisième est aussi bon que les deux premiers, je tâcherai de me montrer suffisamment convaincant pour te faire franchir le pas.
SupprimerTout à fait d'accord avec ton ressenti. J'en garde un très bon souvenir. C'est assez irréprochable. Reste que j'oublie trop l'histoire entre chaque parution...
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il pourrait presque y avoir un résumé des volumes précédents en début de chaque de tome, pour les poissons rouges dans notre genre.
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