Herman Melville
L'intégrale des nouvelles
Ed. Finitude
Vous qui êtes les lecteurs assidus des articles de ce blog, vous n'êtes pas sans savoir que Moby Dick compte certainement comme la première grande révélation de ma vie de lecteur - je vous l'ai déjà répété deux ou trois fois. Même une trentaine d'années après sa lecture, je continue à être habité par les aventures d'Ismaël. Depuis, j'ai dévoré à peu près toutes les œuvres d'Herman Melville, ses romans, ses poèmes, ses nouvelles. Ces dernières, lues pour la plupart il y a bien longtemps, m'ont laissé de fortes impressions. Mais le temps a fait son office et, n'en gardant que certaines images assez vagues, j'ai souvent éprouvé l'envie d'y revenir. Comment ne pas céder à la tentation devant ce somptueux volume concocté par les éditions Finitude ?
Christian Garcin et Thierry Gillybœuf se sont lancés dans un ambitieux projet : rassembler l'intégralité des nouvelles de l'auteur américain, en proposer une nouvelle traduction, les annoter généreusement, les accompagner d'une préface et s'assurer que l'objet serait à la hauteur de l'entreprise. Il l'est, relié et élégant. Ses 800 (et quelques) pages contiennent tout, les nouvelles classiques comme les méconnues ou les inédites. En m'y plongeant, j'ai eu la confirmation que j'en avais effectivement lu la majorité, oublié certaines, d'autres non. Je n'ai d'ailleurs pas compris comment j'avais pu tout oublier de Benito Cereno. En revanche, je
me suis souvenu à la relecture de Moi et ma cheminée pourquoi je l'avais déjà
tant aimé à l'époque et pourquoi elle était encore si présente dans
ma mémoire. Je me suis redemandé en terminant Bartleby, exactement comme il y a des années, pourquoi cette nouvelle, qui est certes fabuleuse, en avait éclipsé autant qui sont au moins aussi bonnes, drôles, ironiques
ou spirituelles, et qui mériteraient la même notoriété.
Si j'ai découvert à cette occasion des textes de jeunesse, des articles humoristiques, les manuscrits du Burgundy Club ou encore cette version courte et inattendue du dernier roman de Melville et intitulée Baby Bud, j'avais surtout envie de relire les textes que je connaissais. Et je n'ai pas été déçu. Quel plaisir d'y revenir ! Plus que ça, même : j'ai littéralement été propulsé dans le temps et l'espace, comme d'autres trempant une madeleine dans leur tisane. Ce recueil a réactivé chez moi des souvenirs profondément enfouis. Je me suis revu lisant ces nouvelles à des instants et en des lieux précis. Je crois que je pourrais presque qualifier ces réminiscences d'expérience ésotérique ou de voyage mystique. J'ai vécu un moment magique.
Et "Moby Dick", tu l'as relu ? Ou tu préfères garder le souvenir intact ?
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas relu - il est d'ailleurs assez rare que je relise - et je crois que je préfère ne pas.
SupprimerC'est pas plutôt Bartleby qui préfère ne pas ? ;)
SupprimerCall me Bartleby.
SupprimerVaste projet – et réussi, visiblement.
RépondreSupprimerRéussi ? Oh que oui !
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