jeudi 16 juin 2022

Les Mille et Une Nuits

mille et une nuits audiolib
Les Mille et Une Nuits 

Ed. Audiolib 

 
Tout le monde connaît le principe : pour gagner du temps avant que sa tête ne finisse sur le billot, Shéhérazade entame un long récit enchâssé et, chaque tiroir renfermant un autre tiroir, elle le fait durer quarante-trois heures et huit minutes. Dans la version audio. Sinon, on parle plutôt d'une durée de mille et une nuits. Autant de nuits qui voient défiler des contes et au terme desquelles le mari de la narratrice, le sultan Shahryar, qui épousait jusqu'alors une nouvelle femme tous les matins et la faisait exécuter le lendemain, décide de lui laisser la vie sauve.
 
La version audio reprend le texte tel qu'il est publié en quatre volumes par les éditions Libretto, c'est à dire dans la traduction que René R. Khawam établit d'après les manuscrits originaux. Ce qui signifie donc que, si les contes dont il est question ici sont amputés de ceux ajoutés par Antoine Galland tels que les fameux récits de Sinbad, d'Ali Baba ou d'Aladin, ils retrouvent en revanche la dimension érotique que Galland avait passée sous silence, conformément aux mœurs de la cour du Roi-Soleil. Le traducteur de la présente édition s'en explique longuement dans une passionnante introduction. Il revient ainsi sur l'histoire du texte et sur ses diverses interprétations, sur quarante années de son travail, sur l'impossibilité de mettre un point final à ce type de projet ainsi que sur les critiques concernant sa démarche de revenir au plus près d'un texte pourtant auréolé de tant d'incertitudes. Malgré la polémique, sa traduction fait aujourd'hui référence et c'est celle dont j'ai écouté, durant plus de quarante-trois heures, la lecture par Maia Baran, Patrick Donnay et Steve Driesen.

Est-il vraiment utile d'entrer dans le détail des Mille et une nuits ? Je n'en suis pas sûr - d'ailleurs je n'ai ni le temps ni la patience de m'aventurer dans un laborieux et interminable résumé, sachant que certains s'y sont déjà attelés, sans doute avec plus de talent. Disons juste que, dans tous ces contes, les hommes sont souvent puissants et cruels, les femmes lascives et provocantes, qu'on y rencontre beaucoup de goules et d'éfrits, et que chaque histoire en appelle inlassablement une autre. Inlassablement ? Hmm... Alors disons également que, même si les interprètes qui offrent leur voix incarnent parfaitement le récit et parviennent à le rendre vivant, j'ai fini par m'en lasser. Conte après conte, les intrigues se répètent, le procédé se systématise, les djinns se confondent. Mille et une nuits ou quarante-trois heures, ça peut être long. À la place du sultan Shahryar, j'aurais pressé Shéhérazade de se renouveler. Ou pire, tout comme je n'ai pas eu la patience de résumer les différentes intrigues, j'aurais probablement fini par envoyer le bourreau faire son office.

4 commentaires:

  1. "la lecture par Maia Baran, Patrick Donnay et Steve Driesen" : c'est commun en audio les multiples lecteurices ?

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    1. Je ne crois pas que ce soit commun, tout comme les audiolivres de plus d'une quarantaine d'heures.

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  2. Tout ce que tu en dis est très intéressant. C'est une vraie lecture de culture générale, même si ça ne tient pas tout à fait sur le long terme.

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    1. J'ai fini par m'en lasser un peu, c'est vrai. Mais j'ai peut-être fait l'erreur de l'écouter d'une traite alors qu'il faudrait sans doute en picorer des contes de temps en temps. Ça semblerait alors sans doute moins long.

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