Guillaume Guéraud
La brigade de l’œil
Ed. Rouergue
2037. La Brigade de l’Œil te surveille. Ses agents sont là pour faire
respecter la loi Bradbury qui interdit les images. Ils détruisent celles
qui circulent et sanctionnent les contrevenants. Ils t'ont à l’œil.
Attention ! Avoir des photos dans tes poches peut littéralement te
coûter les yeux de la tête.
Tu trouves que l'expression "avoir un regard de braise" n'est pas suffisamment imagée ? Elle prend ici tout son sens. Si tu n'as pas froid aux yeux, ouvre-les grand, tu vas en prendre plein les mirettes - évite juste de tourner de l’œil :
"Le criminel écrasa ses paupières l'une contre l'autre mais la fine mèche du pyroculis en transperça la membrane et lui fendit la cornée et lui éclata le cristallin et lui brûla la pupille et lui fit fondre la rétine et lui pulvérisa le corps vitré et lui carbonisa tout le fond de l’œil.Un œil.Et puis l'autre - la routine."
Je suis allé les yeux fermés vers cette dystopie dont la couverture, le sujet et les références évidentes me faisaient de l’œil depuis un moment. Le rythme syncopé de la scène d'ouverture ainsi que ses promesses d'une narration imagée m'ont d'abord donné l'impression que je n'allais pas en croire mes yeux mais j'ai fini par détourner mon regard de ce roman moyennement convaincant qui perd rapidement de vue son objectif et qui jette plus de poudre aux yeux qu'il ne tient ses engagements. L'auteur, certainement myope, ne voit pas plus loin que le bout de son nez, reste en surface et, les yeux sans doute plus gros que le ventre, ne creuse pas très loin ce bon filon.
Mais j'ai pris mon parti de fermer les yeux sur les nombreux défauts de ce livre et de ne plus avoir d'yeux que pour l'intention louable de son discours. Toi qui n'as pas les yeux dans la poche, garde à l’œil qu'une piste de réflexion sur la culture et la liberté est toujours bonne à emprunter, surtout quand elle multiplie les clins d’œil au cinéma classique.
Je n'ai jamais vu passer ce livre, et pourtant je suis assez sûr que cette couverture aurait marqué ma rétine. Ça me donne surtout envie de reposer les yeux sur "Fahrenheit 451"...
RépondreSupprimerC'est vrai que pour moi aussi la lecture du roman de Bradbury commence à dater un peu. Serait-il temps d'y revenir ?
SupprimerTant qu’on ne finit pas chez l’ophtalmo..
RépondreSupprimerJ’avais entendu parler de cet auteur, mais il delivre sûrement un message et ta chronique est la bienvenue.
Oui, il y a clairement une invitation à repenser nos libertés et à réfléchir à notre rapport aux images et aux écrans. C'est toujours bon à prendre, même si tout ça manque malheureusement d'un peu de finesse.
SupprimerPas lu, pas d'avis, mais la chronique valait le détour 👀👀
RépondreSupprimerMerci, j'espérais bien qu'elle vaudrait un coup d’œil ;o)
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