Jack Finney
Body Snatchers
Ed. Le Bélial'
En 1983, Morris, le créateur de Lucky Luke, modifiait certaines planches de ses albums, troquant une clope contre une brindille, pour que le cowboy n'apparaisse plus avec une cigarette. Cinq ans plus tôt déjà, Finney retouchait son roman, Body Snatchers. Il effaçait lui aussi toute trace de tabagisme et allait même plus loin : ses personnages ne fument plus mais ils se montrent également respectueux envers les femmes et adoptent une attitude plus exemplaire, sans doute plus conforme à la nouvelle époque dans laquelle se déroule l'intrigue, 1976 plutôt que 1953.
On ne fume plus, certes, mais on se fait toujours remplacer par des créatures venues d'un autre monde...
Nous sommes à Mill Valley, une petite ville comme il en existe tant en Californie. Les habitants se connaissent, se fréquentent et s'apprécient. Aussi, quand une jeune femme rapporte à Miles Bennell, le médecin, notable estimé et narrateur de cette étrange histoire, que son oncle n'est pas son oncle et qu'elle ne le reconnait plus, celui-ci se rend sur place. Rien chez son oncle n'a changé mais elle soutient le contraire : quelque chose est différent ! Rien de palpable. Mais quelque chose. Impuissant à expliquer ce comportement, le médecin met ça sur le dos d'un problème d'ordre psychologique. Mais quand d'autres citoyens commencent à éprouver le même sentiment envers leurs proches, il décide de mener son enquête. Il ignore alors qu'il s’apprête à mettre le doigt sur une horrible réalité...
Dès son premier livre, l'auteur du Voyage de Simon Morley s'impose comme un incontournable. Son roman d'invasion extraterrestre marque les esprits, de par sa tension psychologique et son ambiance anxiogène et paranoïaque. Il faut dire que le ton minimaliste de ce drame urbain fonctionne à merveille. Le danger est partout, invisible. Chacun est potentiellement l'ennemi. Comment d'ailleurs savoir qui est un extraterrestre quand ceux-ci nous ressemblent tant ? Qu'est-ce qui nous rend plus humain qu'eux ? Comment le prouver ou le démontrer ? Qu'est-ce qui nous est propre ? Quelle définition peut-on donner de l'humanité ?
Toutes ces questions donnent au roman de Jack Finney une dimension philosophique qui invite le lecteur à s'interroger, entre deux scènes d'action, quelques traits d'humour, et surtout avant une chute polissée, un peu trop propre pour être honnête. Et maintenant que la question de notre humanité est posée, il faut y réfléchir. Je vais aller m'allumer une cigarette chercher un brin de blé, je pense toujours mieux la clope au bec en mâchouillant des céréales.
C'est fou cette anecdote, ça n'a pas dû arriver souvent de telles mises à jour pour coller à l'avancée du monde.
RépondreSupprimerJe ne considérais pas du tout ce livre, je voyais ça plus "horrifique", mais, à défaut de réfléchir à l'humanité, tu me fais réfléchir à une éventuelle lecture.
Honnêtement, c'est pas mal. Dans la catégorie vieilleries, ça reste très efficace.
SupprimerTrop fort! Ça a l'air super. J'essairai de me souvenir de le lire s'il croise ma route un jour. J'ai bien aimé le film qui en a été tiré pendant les années cinquante.
RépondreSupprimerUn peu daté mais pas mal - comme les films, si ma mémoire est bonne.
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