dimanche 18 septembre 2022

Jimmy Guieu - Au-delà de l'infini

Jimmy Guieu Au-delà de l'infini Fleuve Noir anticipation
Jimmy Guieu 

Au-delà de l'infini 

Ed. Fleuve Noir 


Moi, vous me connaissez, quand j'ai un truc en tête, il faut que j'y aille et pas par quatre chemins. Donc je vais passer directement aux choses sérieuses en commençant par me débarrasser du résumé - trois personnes se font enlever par des extraterrestres, voilà. Tout le reste de l'intrigue est superflu. Si ! Une chose cruciale : parmi ces trois personnes se trouve une femme...
 
Jimmy Guieu, depuis le temps, vous le situez : moustache, brushing, graphomanie et ufologie. Les très nombreux romans qu'il a publié sont généralement médiocres et laissent souvent une aussi grande place à ses théories complotistes sur les soucoupes volantes qu'à ses fantasmes dignes de téléfilms érotiques à petit budget. Au-delà de l'infini en est un exemple édifiant ! Pour preuve, la description de Nicky, la première à se faire enlever :
"Nicky, jeune fille blonde aux cheveux courts, lèvres pulpeuses, les seins libres et fabuleusement moulés par un sweat feuilles mortes, un pantalon tout aussi moulant."
Quant à sa personnalité, éclipsée par ses formes, on n'en saura pas grand chose. D'ailleurs, même le chef des envahisseurs, tout extraterrestre qu'il est, ne peut s'empêcher de "l'admirer longuement, sans vergogne". Il va même plus loin, puisqu'il "sourit en la couvrant d'un regard admirateur qui s'attarda plus qu'il ne convenait sur sa poitrine". J'imagine que c'est à mettre sur le compte de la curiosité scientifique :
"Et comment la Terrienne pouvait-elle tenir debout sans se pencher en avant, avec ces deux globes charnus, étonnamment volumineux, qui déformaient son thorax ? Singulière "infirmité" qui, pourtant, ne paraissait pas l'affliger outre mesure ! Il semblait même que le Terrien Barclay accordait à ces "globes" un intérêt inattendu..."
En effet, Barclay, l'un des codétenus de celle qu'il appelle "mon chou", accorde une attention particulière à la "jeune fille", plus à son anatomie qu'au fait qu'elle place des citations de Blaise Pascal dans ses répliques. Il semble même oublier, par moment, qu'ils sont prisonniers d'une soucoupe volante... 
"Il la tint un moment par les épaules, éloigné de lui afin de se repaître de sa sculpturale beauté, de ses seins fermes à l'émouvante aréole sombre. Sa fine culotte de nylon transparente et sa faible pilosité blonde ne dissimulaient pratiquement rien de cette partie intime de son anatomie."
Rassurez-vous, l'extraterrestre au nom improbable, Boklanamkranayomoinskoubskem, finit par fournir des vêtements à ses trois prisonniers. Bien entendu, si l'auteur ne s'attarde pas vraiment sur le pantalon et la tunique que portent les hommes, sa description de la nouvelle tenue de Nicky reste dans le thème : 
"Nicky, éblouissante dans un court sarong doré qui dénudait son épaule gauche et moulait ses seins libres dont la pointe saillait sous le tissu."
On peut d'ailleurs se demander pourquoi il l'a vêtue dans la mesure où, à peine quelques scènes plus loin, il lui ordonne d’ôter ses vêtements avant de l'allonger nue sur une table et de tenter de pratiquer sur elle un examen gynécologique.
"Nicky eut un sursaut à la vue de l'instrument en bec de canard qu'il entendait insérer dans son sexe."
La suite est embarrassante au possible, je vous en fais grâce. De toute manière, je pense que vous avez compris l'idée. Bref, cette histoire de soucoupe, que le gouvernement ne manque pas de justifier par des théories fumeuses impliquant le KGB, est totalement scabreuse. Affligeante, même.
 
Et pour faire le point sur ce challenge, c'est ici





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FNA n°8

6 commentaires:

  1. J'ai regardé la liste des FNA et j'ai vu que le nombre de romans de l'auteur est désespérant grand. Tu vas vraiment tous les lire ? On ne t'en voudra pas si tu fais une exception...

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    1. En effet, il a signé plusieurs dizaines de titres dans cette collection. Mais au milieu d'une telle production, j'imagine qu'il y en a forcément au moins un bon. C'est ma mission de le trouver (tu peux m'aider, si tu veux) !

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  2. Vous méritez d'être béatifier. Se taper toute l'oeuvre de Jimmy Guieu pour tenter d'y sauver quelque chose , ça dénote un sens du sacrifice et une bienveillance exceptionnels !

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    1. Ou un sens disproportionné du masochisme - n'oublions pas que la souffrance peut faire partie du plaisir...

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  3. Il faut tout de même préciser que rien de tout cela n'apparaît dans la version d'origine parue en 1952. Je possède tous les romans de Jimmy Guieu de la première période Brantonne (du Pionnier de l'atome en 1952 jusqu'aux Portes de Thulé en 1964) et il n'y a pas une seule ligne scabreuse... même si j'admets qu'il y a parfois certains passages vantant les joies du naturisme habillé (!?).

    En revanche, lors de leur nouvelle édition dans les années 80 et 90 (chez Plon puis Vaugirard), la condition était d'actualiser le texte, ce qui explique ce genre de passages beaucoup plus trash et clairement honteux comme ceux que vous citez.

    Le traitement était identique pour les autres romanciers de l'époque du Fleuve Noir (Coplan, San-Antonio ou Richard-Bessière) qui ont dû écrire de nouveau certains passages dans les nouvelle éditions, où l'érotisme suranné devient de la quasi-pornographie. Idem pour les belles gouaches de Michel Gourdon ou René Brantonne en couverture, remplacées par de vulgaires dessins et des photos de filles nues...

    Dans mon exemplaire de 1952, pas de gynécologie extraterrestre ou de Nicky aux gros loches :o)

    Le passage au sarong devient, par exemple :
    "Un boléro bleu limpide et une sorte de sarong jaune doré drapaient son corps admirable. Sous ses étranges vêtements, sa peau bronzée apparaissait, rose, avec un dégradé suave allant vers le mauve doux."

    Ce qui est déjà beaucoup plus digeste. Quant à la qualité des Jimmy Guieu, tous ne se valent pas, c'est vrai, mais il y en a quand même des bons : la dizaine de Jean Kariven (1953-1956), la trilogie de 1957 (la Mort de la vie, le Règne des mutants, Cité Noé 2), les Cristaux de Capella (1959, mon favori), l'Ère des Biocybs (1960)...

    Comme tous les Fleuve Noir de l'époque, c'est du pur divertissement, simple et efficace, mais il faut s'arrêter vers 1965, à la fin des couvertures noires (toutes collections confondues). J'en possède plusieurs centaines et je ne m'en lasse pas depuis plus de vingt ans...

    Bon courage pour votre challenge San-Antonio et votre challenge 231 !

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    1. Merci pour ces informations, plutôt intéressantes. Mais je me demande tout de même : que reste-t-il une fois qu'on a débarrassé le texte de sa gynécologue extraterrestre et de son érotisme en gros sabots ?

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