L'Histoire de France vue par San-Antonio
Ed. Fleuve Noir
Dans l'histoire des succès de librairie, les aventures du commissaire San-Antonio se posent là. Pour preuve, succès d'entre les succès, L'Histoire de France vue par San-Antonio est le livre qui obtient le record du nombre de ventes cette année-là en France. 350 000 exemplaires écoulés en 1964, si j'en crois les données récoltées sur l'Internet mondial. Par ailleurs, non content d'être le premier en terme de sorties de caisses, cet épisode inaugure la liste des hors-séries de la franchise. Il sera suivi de huit titres supplémentaires, égrainés au cours des décennies suivantes. Comme les autres, il met principalement en scène Bérurier, ici à travers le âges.
L'oisiveté étant mère de tous les vices, tout démarre par une journée de désœuvrement. En effet, les brigands font relâche. C'est justement ce jour-là que l'inspecteur Bérurier réalise son étrange ressemblance avec le personnage historique d'une récente découverte archéologique. L'échange qui s'ensuit avec San-A confronte ce dernier aux lacunes culturelles abyssales du Gros. Il entreprend alors d'en combler les principales.
"Le savoir, c'est comme la vérole : ça se refile automatiquement."
Durant quelques centaines de pages, et devant un enchaînement d'auditeurs, Félicie, Pinaud, Berthe, un voisin un peu entreprenant ou encore la comtesse Scatolovitch, notre héros se lance dans la chronologie des membres de la famille Bérurier. Depuis les gaulois jusqu'à la secondes Guerre mondiale en passant par Charlemagne, Henri IV, Louis XV ou Napoléon 1er, autrement dit en respectant l'enseignement tel qu'il était prodigué dans les années 60, il revisite, dépoussière et corrige l'Histoire de France. Bien entendu, alors que les anecdotes fantaisistes côtoient les épisodes parodiques, les grands évènements sont vus à la lumière des petits, les personnalités à celle des anonymes.
Ça se ressent pour ainsi dire à chaque page, l'auteur se régale à raconter cette Histoire, à allègrement l'entrecouper d'interventions grotesques de Béru et à la parsemer de notes de bas de page truculentes. En revanche, j'ai rapidement eu le sentiment qu'il manquait quelque chose à ce livre qui, pourtant, rivalise d'inventivité argotique et offre une démonstration de calembours, néologismes, métaphores et autres contrepèteries. C'est durant l'unique et courte scène de résolution d'une enquête - San-Antonio et
Bérurier débarquent chez un jeune homme et, après avoir visité son
garage et découvert ce qu'ils cherchaient, lui font passer un sale quart
d'heure, ce qui ne les empêchent toutefois pas de poursuivre la leçon - que cela m'a frappé : dans ce roman, l'auteur ne s'encombre d'aucune intrigue. Or, l'absence d'un fil rouge autre que chronologique finit par se faire sentir et, mêlé à beaucoup de plaisir, je dois confesser avoir trouvé quelques longueurs à ce volume. Crime de lèse-majesté ?
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