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mardi 1 août 2023

Robert McCammon - Swan Song

Robert McCammon 

Swan Song

Ed. Monsieur Toussaint Louverture 

 
Depuis le temps, vous me connaissez. Vous savez qu'en bon misanthrope je prends un immense plaisir à envisager l'extermination de mes contemporains et à lire les œuvres de romanciers qui la mettent en scène. Quand, dès les premières pages, l'un d'entre eux atomise certaines des principales villes du globe et éradique par la même occasion quelques millions d'hommes, de femmes et d'enfants, vous pouvez être certains qu'il retiendra toute l'attention que j'avais déjà portée aux couvertures résolument pulp qui illustrent ses deux volumes. Sans compter le nom qui y figure : Robert McCammon.

Robert McCammon  Swan Song (I & II) Ed. Monsieur Toussaint Louverture
Il aura suffi d'une lecture pour offrir à cet auteur américain une entrée tardive mais fracassante dans mon Panthéon personnel. Je pouvais difficilement ne pas y revenir. C'est chose faite. Bien que très différent de Zephyr Alabama, bien qu'on n'y retrouve pas la même puissance d'évocation ou le même sentiment de nostalgie, et bien que la comparaison ne se justifie pas réellement, ce diptyque post-apocalyptique n'est pas sans rappeler le récit du jeune Cory. On y retrouve l'analyse d'une société ébranlée par son époque, l'apprentissage de personnages confrontés à des expériences traumatisantes ou encore un subtil mélange entre une intrigue ancrée dans le réel et l'intervention d'éléments fantastiques.

Sawn Song s'ouvre sur les conséquences d'une mauvaise décision. Le président des États-Unis a finalement donné son accord pour prouver aux russes qui est le plus fort. On connaît le résultat : une troisième Guerre mondiale qui laisse la Terre exsangue et livre ses rares survivants à eux-mêmes. L'auteur nous propose alors de suivre une poignée de rescapés - Sister, une clocharde New-yorkaise,  Roland, un adolescent enfermé dans un abri nucléaire, le colonel Macklin, un vétéran survivaliste, Josh, un catcheur un peu paumé, et surtout Swan, une jeune fille qui fuit avec sa mère un foyer toxique. Alternant les points de vue et les intrigues autonomes puis croisant occasionnellement les fils narratifs, l'auteur malmène des protagonistes confrontés aux nouvelles lois de la survie. En effet, pour Robert McCammon, une telle catastrophe ne peut que révéler ce que la société s'efforçait alors de gommer chez les citoyens : l'égoïsme, la violence, la convoitise, l'opportunisme...

Robert McCammon  Swan Song (I & II) Ed. Monsieur Toussaint Louverture
Et l'espoir, alors ? Voyons... Que peut-on encore attendre d'une vie sur cette planète ravagée, que les rayons du soleil ne réchauffent même plus et sur laquelle rien ne pousse ? Pas grand chose. Et pourtant, le bruit court que, sur ce qui semble être le nouveau terrain de jeu du Malin, une jeune femme aurait le pouvoir de mettre un terme à tout cela, de faire fleurir les arbres et pousser le maïs. Oui, il y a de l'espoir, malgré l'obstination de certains à renouveler les erreurs du passé et à entretenir la désolation.

Au sein d'une trame à la limite du mysticisme, en deux volumes et deux parties séparées dans l'action par un saut de sept ans, ce roman de genre fait cohabiter des protagonistes plus subtils qu'il n'y paraît de prime abord. Il parvient même à nuancer les plus antipathiques et dresse également quelques très bons portraits pour ses personnages secondaires et pour la figuration. Par ailleurs, il donne à chacun une importance équivalente et, ce qui est suffisamment rare pour être souligné, il offre de très grands rôles à sa distribution féminine. Surtout, il fait s'affronter le bien et le mal dans un combat dont l'issue n'est pas jouée d'avance et dont les incertitudes rendent le scénario captivant et d'autant plus addictif qu'il bénéficie d'une langue fluide et d'un montage syncopé très habile.
 
Et il y a plein, plein de morts. Des millions !

6 commentaires:

  1. Définitivement un auteur qu'il faut que je découvre. Plutôt avec "Zephyr, Alabama", parce que je n'ai pas particulièrement d'atomes crochus avec les massacres de masse, mais même celui-ci a un vrai quelque chose d'intéressant.

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    1. "Zephyr, Alabama" dépasse de loin le domaine du divertissement malin. Il s'agit d'un roman brillant, un mélange très réussi de classicisme et d'originalité. Je te le conseille vivement !

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  2. Seulement des millions de morts ? Je ne sais pas si c'est assez pour m'intéresser !

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    1. Vu le faible nombre de survivants que l'on rencontre, ça pourrait même plutôt se chiffrer en milliards !

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  3. Hmm, je tâcherai de me souvenir du nom de cet auteur, vu tout le bien que tu en dis deux fois d'affilée!

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    1. Crois-moi, une fois que tu auras lu "Zephyr, Alabama" tu n'oublieras plus son nom.

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