François Bon
Proust est une fiction
Ed. Seuil
Je suis une groupie. J'en ai trouvé une autre, plus atteinte : François Bon.
Le romancier, auteur notamment de Sortie d'usine, dramaturge, traducteur, éditeur, animateur de fameux ateliers d'écriture et finalement touche à tout de la culture semble habité par La Recherche. À croire ce qu'il confesse dans les pages de ce livre, il est en constante relecture de l’œuvre de Marcel Proust, moins à la recherche de ce qui y est perdu que de tout ce qu'on pourrait encore avoir à y trouver.
Dans cet essai, composé d'une centaine d'entrées thématiques, entre deux questionnements sur certaines occurrences du texte, il s'interroge sur la lecture de celui-ci par certaines personnalité et sur ses influences, sur le rapport de l'auteur à son époque et à ses contemporains ainsi que sur des choses plus ou moins abstraites, plus ou moins anecdotiques, plus ou moins révélatrices, plus ou moins essentielles ou existentielles. Puis, après avoir imaginé des conversations entre Proust et Baudelaire, ou comment les
deux hommes auraient comparé leurs publications respectives, il clôture son ouvrage par les extraits d'un entretien avec Élie-Joseph Bois pour Le Temps en 1913.
Autant certains textes critiques sur l’œuvre de Marcel Proust peuvent être destinées à un vaste public ou même intéresser des lecteurs qui ne s'y seraient pas encore essayé, voire leur donner envie de sauter le pas, autant je crois que Proust est une fiction est un livre de groupie pour les groupies. C'est un concentré de madeleines pour ceux qui, comme votre serviteur, sont allés se recueillir sur le remblais à Balbec, sont partis en pèlerinage à Combray, ont donné à leurs enfants des prénoms issus du bottin proustien et qui, quand ils n'éprouvent pas le besoin de relire des extraits de La Recherche, lisent les travaux de ceux qui en font l'étude. À ceux-là, François Bon sait s'adresser. Et il le fait bien.
" ceux qui, comme votre serviteur, ont donné à leurs enfants des prénoms issus du bottin proustien": trop fort!
RépondreSupprimerJe crois que François Bon s'intéresse aussi à Lovecraft, car il me semble avoir écouté un podcast de lui sur cet auteur sur France Culture. Deux passions très différentes. (Mais une langue hors de l'ordinaire dans les deux cas!)
En effet, il a notamment signé de nombreuses traductions de Lovecraft. Ce type est un véritable couteau suisse culturel !
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