mercredi 17 avril 2024

San-Antonio - La sexualité

San-Antonio La sexualité Fleuve Noir
San-Antonio 

La sexualité 

Ed. Fleuve Noir 


Le monde est menacé ! Certains des grands dirigeants européens sont neutralisées par une mystérieuse épidémie qui les touche dans leur orgueil et leur virilité. Abattus, ceux-ci ne sont plus en état d'assumer leur responsabilités. Si le mal se répand, c'est l'humanité toute entière qui court à sa perte ! San-A et Béru, chargés d'élucider ce mystère, partent pour la Grande-Bretagne afin de rencontrer le patient zéro... Nos héros réalisent rapidement que cette maladie n'a rien de naturel et qu'une conspiration vise à neutraliser les personnes les plus influentes des hautes sphères, jusqu'au grand patron de la police française, Achille... Il leur faut enrayer le phénomène sans perdre de temps ! Et trouver un remède ! C'est là que Berthe Bérurier entre en scène...

L'auteur place le sujet dont il a fait son fonds de commerce au cœur d'une intrigue débridée. Il ne se refuse évidemment aucune excentricité pour exploiter ce filon. Ainsi, en envoyant ses protagonistes d'un pays à l'autre à la rencontre des malheureuses victimes d'une abomination qui laisse les drapeaux - et le reste - en berne, il introduit des personnages secondaires d'anthologie, dont la marquise de la Lune, une spécialiste de la sexualité. Les stances de cette dernière ponctuent un roman fleuve, chapitré de "A comme Amour" à "T comme Textuel", servi par une langue d'une grande inventivité - dans lequel San-Antonio se félicite d'avoir placé un mot encore jamais employé dans aucun de ses bouquins : pusillanime - et qui démontre, s'il y en avait encore besoin, la maîtrise d'une impressionnante palette de figures de style. Aux côtés de la marquise, de ceux bien entendu de notre duo habituel, très en forme, et entourée de personnages affublés d'incroyables calembours patronymiques, Berthe tient l'un de ses plus beaux rôles, l'un des plus inattendus ! Et ce n'est pas Achille qui dira le contraire !
 
La sexualité est un must des aventures du commissaire. Son intrigue à la fois totalement absurde et en même temps d'une cohérence désarmante permet à son auteur de laisser libre cours à sa fougue et à ses délires exaltés. Le roman fourmille donc de ses inévitables digressions, en particulier concernant le thème qui lui tient tant à cœur et qui donne son titre au livre. À ce sujet, je laisse d'ailleurs le mot de la fin à la marquise de la Lune :
"Ah ! La sexualité, mon ami, est une terre encore en friche. L'homme, avec sa suffisance fondamentale, croit tout savoir d'elle ! Le fat ! Nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements. À l'orée, à la lisière ! Nous commençons seulement à la soupçonner, à la pressentir. Un jour, elle nous deviendra enfin ce qu'elle est. Nous l'investirons pour de bon. Nous en prendrons possession. Alors la vie basculera, je le prophétise. Les mœurs deviendront autres. Enfin maître absolu de l'extase, de la vraie, l'homme abandonnera sa vigilance qui le mène aux pires sottises. Il n'y aura plus de guerres, plus de travail, plus de crimes. Les lois tomberont. L'idée de patrie sera abolie ! Le syndicalisme ne sera plus rien. Les partis n'auront plus d'objet. Je vais même plus loin : on aboutira, au fil des siècles, à la confusion des sexes."
 


 
Et pour suivre l'avancée de ma lecture complète des aventures du commissaire San-Antonio, cliquez sur le sourire de l'auteur !

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