Dennis Lehane
Le silence
Ed. Audiolib
Afin de déségréguer les établissements scolaires, un système appelé busing est mis en place au milieu des années cinquante aux États-Unis et gagne progressivement tous le pays. Le principe est de brasser les classes sociales et de promouvoir la mixité raciale en conduisant les enfants dans une école différente de celle de leur quartier. Cette initiative n'est pas très bien accueillie et s'accompagne de nombreuses manifestations.
C'est dans ce contexte que s'inscrit le roman de Dennis Lehane. Nous sommes en 1974 à Boston. Mary Pat Fennessey est une jeune femme blanche issue de la classe ouvrière, fondue dans un environnement qui lui ressemble. Percluse de préjugés et végétant dans un racisme basique, elle n'apprécie pas vraiment l'idée de voir des noirs intégrer l'école dans laquelle Jules, sa fille, doit justement faire sa rentrée. D'autant plus que depuis le décès de son mari et, plus encore, celui de son fils, emporté par la drogue à son retour du Vietnam, elle surprotège la dernière personne qu'il lui reste. Mais quand elle réalise un beau matin que celle-ci n'est pas rentrée de la nuit, elle commence à paniquer. Alors que tout le monde lui conseille d'attendre sagement qu'elle revienne, elle décide de partir à sa recherche, au risque de semer la pagaille sur son passage et de découvrir des choses qu'elle aurait préféré ignorer.
Dennis Lehane, fidèle à son habitude, utilise la trame de son roman pour revenir sur les évènements qui ont marqué sa ville, Boston. Mais, finalement, l'interdiction de la ségrégation sur laquelle s'ouvre le livre et qui lui sert de fonds historique n'en est pas réellement le sujet. La communauté irlandaise, si. En effet, en confrontant Mary Pat aux non-dits et aux silences de ceux qu'elle croyait soudés dans l'adversité et sur lesquels elle pensait pouvoir compter, l'auteur dresse le portrait d'une très grande famille liée par une même origine mais dont les intérêts communs sont empoisonnés par les inévitables secrets. En parallèle aux mécanismes du racisme, il analyse ainsi les travers de la vie communautaire.
La jeune femme au centre de cette trame est caricaturale. Raciste, buttée, violente, elle est assez attendue et, bien qu'elle navigue à vue dans une histoire lente, peu convaincante et ponctuée de facilités scénaristiques, sa détermination à vouloir élucider la disparition de sa fille a de quoi forcer l'admiration, en particulier de celui qui peine à avancer dans le récit. Heureusement, Dennis Lehane, qui est doué pour dépeindre une ambiance et restituer une époque, donne une part importante et très instructive à la dimension sociale de son livre. Ce dernier point parviendrait presque à nuancer mon avis quant à cette piètre histoire de vengeance.
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