Michael Crichton
Sphère
Ed. Robert Laffont
J'ai été adolescent. Et quand j'étais adolescent, j'ai lu La Nuit des Temps. Depuis ma lecture de ce livre, le temps, justement, a fait son travail sur ma mémoire. Pas suffisamment toutefois pour que les similitudes entre le roman de Barjavel et celui de Crichton ne me sautent pas au visage : alors que le roman du français met en scène des scientifiques qui explorent à de grandes profondeurs une construction dont on ignore tout, celui de l'américain met en scène des scientifiques qui explorent à de grandes profondeurs une construction dont on ignore tout. Oui, c'est pareil.
Pour autant, il faut être honnête, les similitudes s'arrêtent là. Quant à la notion d'emprunts, mieux vaut ne pas être trop sévère avec Crichton quand on sait que Barjavel a lui aussi sa propre polémique vis-àvis de La Sphère d'or d'Erle Cox. Bref, emprunts ou inspirations, il y a matière à débat - un débat que je ne comptais pas particulièrement ouvrir ici. Donc, pour la seconde fois : bref.
Si le romancier français axe son intrigue autour d'une histoire d'amour, celle-ci est absente du roman de l'américain. L'amour est ici remplacé par de l'action en veux-tu-en-voilà. Une fois les personnages présentés, la situation posée et les inévitables poncifs cochés, les péripéties invraisemblables s'enchaînent. Bientôt, chaque scène d'action n'est plus là que pour succéder à la précédente, ou plutôt pour réduire l'effectif de la mission et la liste des protagonistes. Car, en lieu et place d'un roman scientifique, nous avons là affaire à un thriller dont la vraie question est de savoir qui sera le dernier survivant. Quelques thématiques pourtant prometteuses s'invitent au fil des pages, comme le premier contact ou le voyage dans le temps, mais aucune n'est exploitée à hauteur de ce que l'on pouvait en attendre.
Ceci dit, durant un bon tiers du livre, le roman est diablement efficace et sa construction fait très bien son effet : les pages se tournent toutes seules. Mais, finalement, les accroches de fin de chapitres et les rebondissements finissent par lasser et surtout par laisser apercevoir le vide qu'ils dissimulent. J'en suis même venu à espérer que, lors de son attaque, le poulpe géant aurait le dernier mot.
D'autres avis ? Hop ! Nomic, Le Chien Critique...
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