San-Antonio
Si "Queue-d’âne" m’était conté ou la vie sexuelle de Bérurier
Ed. Fleuve Noir
Béru, qui pense son ultime heure arrivée, enregistre ses dernières confessions à l'attention de Marie-Marie. Avec l'entièreté qu'on lui connaît, il se met à nu, au sens propre comme au figuré. Ce qu’on lit ici, ou plutôt ce qu'on entend, tant la langue est orale, c’est un testament de chair et de tripes, sans filtre. Il évoque ses souvenirs, mêlés de réflexions sur l'existence, la politique, la religion, et il glisse au passage les détails de l'enquête qui l'a conduit en si fâcheuse posture.
L’histoire ? On s’en fout presque. Comme toujours. C’est un prétexte pour faire ruisseler l'argot. Ça pète des aphorismes salaces, ça ricane gras. Le verbe est cru, les scènes d'une vie sexuelle bien remplie s’empilent comme des souvenirs de guerre, avec la même intensité un peu grotesque et dérisoire. Mais derrière les saillies rigolardes, on devine un homme résigné, seul face à lui-même, qui a besoin de se raconter avant de passer l'arme à gauche. C’est vulgaire, oui, mais c’est aussi profondément humain. Derrière le cul, il y a le cœur. Derrière la farce, il y a la faille. Ce n’est pas juste un bouquin grivois, c’est un miroir de l’homme ordinaire qui se débat avec ses pulsions, ses regrets et ses illusions perdues.
Et puis il y a cette tendresse amère, ce regard fatigué, fataliste. On rit, certes, mais on sort de cette lecture ému, et sacrément remué, scotché par quelques passages vifs qui puent la gaudriole mais fleurent l'authenticité, par la justesse désarmante d'un auteur à la verve anarchique et énergique, résolument libre et indomptable.
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