Frédéric Soulié
Les mémoires du Diable
Ed. Robert Laffont - Bouquins
Proposant un camaïeux des sentiments les plus bas et des tendances les plus mesquines, Les mémoires du Diable est un feuilleton pour misanthrope dont le principal mérite est de mettre le doigt sur la médiocrité de nos concitoyens et la laideur de notre société. Et c'est tellement bon !
Dans ce roman, ironique et cynique, le baron François Armand de Luzzi vend son âme au Diable. Le fou ! Comme on pouvait s'y attendre, ce dernier se joue de lui, s'exprime à coups de double-sens, propose des accords tordus, des suggestions bancales et pousse Luzzi à commettre des fautes et de vicieux écarts.
Le principe du feuilleton veut que chaque nouvel épisode voit les deux personnages se lancer dans de longs dialogues, finement écrits. A chaque épisode une nouvelle histoire dévoilant un peu plus les compromissions, les avilissements et les courbettes grinçantes des personnages secondaires. Aussi, plus on avance dans le livre, plus on réalise que la médiocrité est généralisée. Et si ce principe est particulièrement jubilatoire, le feuilleton finit malheureusement par ne pas beaucoup se renouveler et par devenir assez systématique. Et, à la longue, ça peut lasser un peu.
J'ai donc trouvé des longueurs à ce livre qui reste néanmoins un des sommets de la littérature misanthrope. Il offre une vision de l'homme déformée par le prisme biaisé d'un Diable manipulateur, dont l'aversion pour les individus n'a d'égale que le plaisir qu'il prend à les malmener. Avec ce personnage sadique, Frédéric Soulié rend un bel hommage au marquis et met en pratique toutes les caractéristiques propres au néologisme en question.
Quelle idée aussi de vendre son âme au Diable...
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