Jean de la Hire
La roue fulgurante
Ed. Ombres
Dans la préface, signée d’un éditeur moins critique qu’enthousiaste, il est question des « anticipations dont fourmille ce roman prophétique ». Prophétique ? Il me semble que ce livre basique est plus illuminé que prémonitoire et qu’il ne dépasse pas réellement l’intrigue exaltée d’un auteur en quête d’un défouloir farfelu, fantastique et sidéral.
Dans un premier temps, quand Jean de la Hire envoie ses personnages sur Mercure, le roman fleure bon l’anticipation poussiéreuse et naïve comme je l’aime. Cette impression fait son chemin lors de la description de l’astronef et elle est confirmée par l’absence totale de rigueur scientifique. Puis arrive l’intrigue amoureuse, plate et convenue, entre le viril américain et la jeune femme éperdue. La description de celle-ci ne dépasse jamais les caractéristiques physiques, on saura tout de sa peau dorée et de l’éclat de ses yeux, rien de ce qu’elle a dans la tête. Mais qui cela peut-il bien intéresser ? Bref, nos héros sont en route pour Mercure et, jusque là, tout va bien.
Pour la suite, je ne saurais dire ce qui coince le plus : les mercuriens, grotesques monopodes à trompe, chétifs et débiles, qu’on massacre à coups de pieux et dont on boit le sang à même l’œil crevé ? Le docteur Ahmed-bey, thaumaturge omniscient, capable de se rendre d’une planète à l’autre grâce à un enseignement acquis dans un quelconque monastère, capable d’intervertir les corps et les âmes grâce à un simple effort de volonté ? La manière dont les personnages communiquent d’une planète à l’autre par signaux lumineux ? Ou tout simplement la confusion d’un scénario qui n’a rapidement plus ni queue ni tête ?
Mais alors, quelque chose sauve-t-il ce roman ? Oui. Les illustrations de P. Santini. Vous pouvez d’ailleurs sauter le texte, les images seules valent le détour.
Je comprends la critique ci-dessus en sortant à l'instant de cette lecture. Quand j'ai vu la place en nombre de pages qu'elle prenait dans l’anthologie "chasseurs de chimères", après avoir tâté de son caractère stupide et farfelu, j'ai ressenti qu'on me filait de la camelote dans un bel écrin, sous couvert de textes précurseurs, de mise en avant du patrimoine... J'ai persévéré et lui trouve un charme certain, mais il faut faire un pas de côté. On n'est pas prêt à mixer mysticisme, Verne et magicien d'Oz sans préavis. Divertissant quand on a fait le deuil d'un autre Mercure.
RépondreSupprimerC'est ça, c'est divertissant… dans le meilleur des cas.
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