lundi 22 mai 2017

Andri Snær Magnason - LoveStar

Andri Snær Magnason LoveStar J'ai lu zulmaAndri Snær Magnason

LoveStar

Ed. J'ai lu


Avec LoveStar, Magnason propose une vision du futur tout à fait intéressante et d'autant plus visionnaire que le livre date d'il y a déjà quinze ans - 2002. Il imagine un monde ultra connecté et globalement monopolisé sur lequel règne une firme tentaculaire et vampirique dirigée par un génial entrepreneur. La vie, la mort, l'amour, tout est sous la coupe de cette société qui offre aux parents de rembobiner leurs enfants mal orientés, de faire d'une dépouille mortelle une étoile filante ou encore de trouver à chacun le seul et unique partenaire idéal sur cette planète. S'aventurant également sur le terrain de l'omniprésence de la publicité et des influences qui vous poussent à éprouver des besoins créés de toutes pièces, l'auteur imagine les dérives vers lesquelles ces tendances pourraient bien nous mener. Ainsi, vous pourriez être contraint de hurler des slogans pour tel ou tel produit si votre comportement vous éloignait du moule dans lequel tout le monde se glisse sans même en avoir conscience.

Vous l'aurez compris, LoveStar est une dystopie grinçante et relativement cynique, un roman troublant de crédibilité qui fourmille de bonnes idées et donne à réfléchir aux notions de choix, de concurrence, de besoin ainsi qu'à l'environnement social dans lequel nous évoluons. En revanche, il y a un vrai problème avec les personnages dont la narration raconte à tour de rôle les destins croisés. D'une part, l'entrepreneur en question, dont le nom donne son titre au livre, un homme finalement peu plausible, dépassé par ses inventions, égaré dans une histoire absurde de transport d'une graine dont la métaphore est de piètre intérêt. D'autre part, un couple, Indriði et Sigriður, dont la société a décrété qu'ils n'étaient pas faits pour être ensemble et dont l'un est peu à peu effacé socialement alors que l'autre se dirige vers son destin, l'âme sœur qu'on lui a assignée. Ce couple, aussi mièvre qu'agaçant, est exaspérant. Et aucun des personnages ne donne réellement envie d'y croire ou ne provoque d'empathie.

Mais, si les personnages sont définitivement insipides, le principal reste que le monde dans lequel tous évoluent est fascinant. D'autant plus que l'auteur y a subtilement glissé ici et là des touches humoristiques, voire ironiques, qui rajoutent au relief du tableau. C'est donc là un premier roman très inégal et assez maladroit mais dont les intentions sont louables.

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