Michel Bernanos
L'envers de l'éperon
Ed. L'Arbre Vengeur
J'ai rêvé que je comparais mes impressions de lecture avec Blondin. Lui, cigare au coin des lèvres, poncho rejeté sur l'épaule, main sur la boucle de la ceinture. Moi, tout penaud.
Alors il me disait que, dans ce roman, "le monde se divise en deux catégories : ceux qui traquent et ceux qui fuient." Même si personne ne veut être celui qui le contredit, je me suis senti obligé de lui dire qu'il fallait voir au-delà de ça, que c'était un tantinet plus complexe.
Il resserrera les dents sur le bout de son cigare.
"Certes," je lui dis en déglutissant bruyamment, "des deux frères, l'un est à la poursuite de l'autre pour une bête histoire d'orgueil mal placé. Mais ça ne peut se résumer à ça. On pourrait également les voir, chacun de son côté, tous les deux embarqués dans un même combat contre quelque chose de bien plus vaste. L'ennemi c'est d'abord leur environnement, la nature face à laquelle il faut survivre, les éléments contre lesquels il faut lutter. La traque, la fuite, ce n'est que secondaire. Et s'il y a bien une histoire factuelle, des péripéties et des mésaventures, il y a surtout une allégorie sur la difficulté de vivre, sur les motivations des uns et les obligations des autres. Vous n'êtes pas d'accord ?"
Il fronça les sourcils et j'aurais juré que sa main était plus proche de son arme.
"C'est une allégorie" je balbutiai, "mais c'est également un roman de genre totalement assumé et, comme La montagne morte de la vie dépoussiérait la fiction maritime, celui-ci revisite librement le thème du duel au soleil d'hommes motivés par leur honneur, avec moins d'extravagance mais tout autant de poésie."
Une goutte de sueur me coulait dans l’œil mais je n'osais pas l'essuyer.
A bien y réfléchir..." je balbutiai, "je... je crois qu'en fait c'est vous qui avez raison. Oui, c'est même sûr..."
Personne n'a envie d'être celui qui contredit Blondin.
Alors il me disait que, dans ce roman, "le monde se divise en deux catégories : ceux qui traquent et ceux qui fuient." Même si personne ne veut être celui qui le contredit, je me suis senti obligé de lui dire qu'il fallait voir au-delà de ça, que c'était un tantinet plus complexe.
Il resserrera les dents sur le bout de son cigare.
"Certes," je lui dis en déglutissant bruyamment, "des deux frères, l'un est à la poursuite de l'autre pour une bête histoire d'orgueil mal placé. Mais ça ne peut se résumer à ça. On pourrait également les voir, chacun de son côté, tous les deux embarqués dans un même combat contre quelque chose de bien plus vaste. L'ennemi c'est d'abord leur environnement, la nature face à laquelle il faut survivre, les éléments contre lesquels il faut lutter. La traque, la fuite, ce n'est que secondaire. Et s'il y a bien une histoire factuelle, des péripéties et des mésaventures, il y a surtout une allégorie sur la difficulté de vivre, sur les motivations des uns et les obligations des autres. Vous n'êtes pas d'accord ?"
Il fronça les sourcils et j'aurais juré que sa main était plus proche de son arme.
"C'est une allégorie" je balbutiai, "mais c'est également un roman de genre totalement assumé et, comme La montagne morte de la vie dépoussiérait la fiction maritime, celui-ci revisite librement le thème du duel au soleil d'hommes motivés par leur honneur, avec moins d'extravagance mais tout autant de poésie."
Une goutte de sueur me coulait dans l’œil mais je n'osais pas l'essuyer.
A bien y réfléchir..." je balbutiai, "je... je crois qu'en fait c'est vous qui avez raison. Oui, c'est même sûr..."
Personne n'a envie d'être celui qui contredit Blondin.
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