Paul Greveillac
Maîtres et esclaves
Ed. Gallimard
Avec ce nouveau roman, Paul Greveillac s'est attaqué à un beau projet, celui de retracer quarante ans d'histoire de la Chine à travers le parcours de Kewei, un jeune provincial passionné de dessin. Le livre s'ouvre en 1950, année de naissance du personnage, et nous mène jusqu'en 1989, la chute du communisme.
Dans une langue très classique et un dosage subtil entre petite et grande histoire, le livre mélange le récit de cet homme - de sa jeunesse campagnarde au poste de peintre officiel du parti en passant par sa découverte de Pékin, son apprentissage aux beaux-arts et son ascension au sein du régime - à un portrait documenté du pays et une étude rigoureuse de sa politique. Mais voilà, à se focaliser sur le contexte et à étudier trop en profondeur son sujet, Paul Greveillac a sans doute négligé le côté romanesque de son livre. Ainsi, si le fond est passionnant - le grand bond en avant, la révolution culturelle, la rééducation forcée, la famine de masse, la mort de millions de personnes puis l'ouverture de la Chine, le rapprochement de l'occident et la mort du régime - il est presque trop travaillé. La narration manque de naturel, l'auteur va excessivement dans le détail, cite à outrance le Petit Livre Rouge et c'est au détriment des émotions du roman. Par conséquent, il est difficile de s'attacher à Kewei ou aux personnages secondaires et la mort de certains d'entre eux laisse assez insensible. Pourtant, ce jeune peintre a tout pour être captivant. Plus royaliste que le roi, il s'implique dans la vie du parti et son parcours soulève des questionnements pertinents sur la conception de la peinture, la légitimité de l'artiste et le rôle de l'art dans la propagande. De la même manière, le livre s'intéresse au culte de la personnalité, à l'absurdité administrative, aux responsables butés et, plus généralement, à l'image du Grand Timonier et de ses acolytes.
Dans une langue très classique et un dosage subtil entre petite et grande histoire, le livre mélange le récit de cet homme - de sa jeunesse campagnarde au poste de peintre officiel du parti en passant par sa découverte de Pékin, son apprentissage aux beaux-arts et son ascension au sein du régime - à un portrait documenté du pays et une étude rigoureuse de sa politique. Mais voilà, à se focaliser sur le contexte et à étudier trop en profondeur son sujet, Paul Greveillac a sans doute négligé le côté romanesque de son livre. Ainsi, si le fond est passionnant - le grand bond en avant, la révolution culturelle, la rééducation forcée, la famine de masse, la mort de millions de personnes puis l'ouverture de la Chine, le rapprochement de l'occident et la mort du régime - il est presque trop travaillé. La narration manque de naturel, l'auteur va excessivement dans le détail, cite à outrance le Petit Livre Rouge et c'est au détriment des émotions du roman. Par conséquent, il est difficile de s'attacher à Kewei ou aux personnages secondaires et la mort de certains d'entre eux laisse assez insensible. Pourtant, ce jeune peintre a tout pour être captivant. Plus royaliste que le roi, il s'implique dans la vie du parti et son parcours soulève des questionnements pertinents sur la conception de la peinture, la légitimité de l'artiste et le rôle de l'art dans la propagande. De la même manière, le livre s'intéresse au culte de la personnalité, à l'absurdité administrative, aux responsables butés et, plus généralement, à l'image du Grand Timonier et de ses acolytes.
Là où quelques défauts brident le roman, avec un matériau de cette qualité et un tel travail, Paul Greveillac aurait probablement produit un bien meilleur document historique. Cela dit, j'ai lu ce livre avec plaisir et sans contrainte. Je pense d'ailleurs qu'il est dans l'ensemble plutôt bon. Mais, à mon sens, il est passé à deux doigts d'être particulièrement réussi. Dommage.
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