dimanche 25 novembre 2018

Christopher Priest - Conséquences d'une disparition

Christopher Priest  Conséquences d'une disparition Denoël lunes d'encre

Christopher Priest 

Conséquences d'une disparition 

Ed. Denoël 


Publié dans la collection "Lunes d'encres", clairement estampillée SF & F, ce nouveau roman de Christopher Priest, lui-même un auteur indissociable de ce registre, n'a finalement pas grand chose de science-fictionnel. Certes, l'intrigue se déroule quelques années plus tard, pour ainsi dire demain, mais je pense qu'avec cet ouvrage qui s'intéresse au 11 septembre 2001, on tient un roman de littérature blanche. Mais, blanche ou non, de la bonne littérature. Et c'est finalement le seul point qui importe vraiment.

Comme l'indique le titre et le suggère sa somptueuse couverture, Conséquences d'une disparition nous fait vivre les états d'âme d'un homme dont la compagne est portée disparue durant les attentats. Cet homme, Ben Matson, est un journaliste qui vit une histoire vive avec une éditrice. Il est écossais, elle est américaine et ils passent leur temps dans les avions. Jusqu'au jour où le pire se produit. Vingt ans après, une association d'idées le replonge dans les souvenirs et le chagrin. C'est l'occasion pour l'auteur du Prestige de s'interroger sur la tournure des évènements.

Ce roman est une prouesse de fluidité. Je l'ai lu d'une traite ou presque, captivé par le caractère intrigant de la trame, par la complexité des personnages et la subtilité de leur interaction et, j'en suis le premier surpris, par l'étude approfondie des attentats. Comme toute personne en âge de se souvenir, j'ai vécu ce jour scotché au poste de télé, je m'en souviens comme si c'était hier mais ce n'est pas pour autant un sujet qui m'excite. Là, ça m'a passionné. Christopher Priest a effectué un gros travail de recherche, a épluché les documents officiels, s'est penché sur les théories complotistes et les scénarios alternatifs et, par bien des aspects, son livre a tout de l'essai d'investigation. Mais, aussi documenté et réaliste soit-il, ce livre reste une fiction, comme l'auteur le précise en note de fin d'ouvrage. Une fiction, certes, mais qui fait également le constat d'une certaine évolution de la société depuis 2001. Ainsi, il est question de l'apparition des nouvelles technologies et de leur influence sur le comportement des citoyens, de la politique américaine, de l'impact du Brexit, de la place de l'Écosse dans la Grande Bretagne et des relations de celle-ci avec l'Europe.

Avec Conséquences d'une disparition, Christopher Priest signe un roman saisissant, un roman qui, non content de proposer une réflexion sociétale intelligente et inattendue, fait flirter réalité et délire d'interprétation, joue avec les niveaux de lecture et offre une perspective inédite des évènements. À ce degré, donc, on se moque bien de savoir s'il s'agit de littérature blanche ou non.

16 commentaires:

  1. Rien à ajouter à ton avis, Monseigneur...
    Un très bon cru, alors que je pensais que cela allait être le roman que j'allais le moins apprécié au vue du sujet.

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    1. Nous sommes d'accord, c'est un livre très fin et "addictif au possible", comme tu le dis .

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  2. Après les romans de SF publiés discrètement en blanche, voilà les romans de blanche publiés en SF. On peut dire que c'est une progression ? ^^
    En tout cas, il me tente plutôt - étonnamment, alors que je ne suis pas vraiment en phase avec l'auteur habituellement. ^^'

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    1. La frontière est parfois très floue entre SF et blanche. Laisse-toi tenter par celui-ci, il est vraiment bon.

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  3. Tentative n.2 de laisser un commentaire sur ce billet (J'suis pas parano, mais blogger ne m'aime pas...)
    Rien à ajouter à ton avis que je partage - presque - entièrement, Monseigneur. (pour moi, nous sommes dans la SF, mais c'est une question de perception)
    Comme toi, le sujet ne me faisait pas envie, je pensais même que cela allait être un des Priest les moins bon. Et puis, et puis...

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  4. Ah, il y a approbation, c'est donc ça !
    Mais je réaffirme, blogger ne m'aime pas, la première fois, il n'y avait pas ce message d'approbation. Un complot je vous dis.
    (bon j'arrête là mes commentaires, trois pour un billet, c'est quand même pas mal, trop dirait certain)

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    1. Il y a effectivement approbation. Ou plutôt il y avait approbation car il n'y en a plus maintenant.
      Quant à trois commentaires par billet, ça me semble une bonne moyenne.

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  5. Le Chien a perdu les pédales, il commente et surcommente un post avec le même texte. Il doit vouloir faire sa pub !

    Sinon rien à ajouter à ton billet, le chien a tout dit (3 fois !)

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  6. Je suis un fan de Christopher Priest, j'ai bien aimé Conséquences d'une disparition, mais j'avais largement préféré ces deux ouvrages précédents (L'Adjacent et L'Inclinaison), que j'avais trouvé beaucoup plus aboutis. Ici, il y a bien quelque chose de très intéressant sur le 11 Septembre et la perception de l'événement, mais je ne sais pas... ça prend pas totalement à mes yeux, l'histoire manque de souffle, j'ai senti Priest un peu perdu dans ce qu'il voulait faire, peut-être sous le poids de l'événement dont il traite...
    Mais j'ai aussi lu ce livre trop lentement, peut-être l'aurais-je davantage apprécié en le lisant d'une traite comme vous.
    Là, bof, bien que ça reste très intéressant et qu'il y ait des passages troublants.
    On est tout de même loin, à mes yeux, des hauteurs atteintes par l'auteur sur L'Inclinaison et, surtout, L'Adjacent (celui-ci est une très belle synthèse de son oeuvre).

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    1. Je ne connais pas aussi bien son œuvre que vous et j'en attendais donc certainement moins. Et je note "L'Adjacent" que je n'ai pas lu.

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    2. Et donc je confirme pour L'adjacent que je viens de lire... et l'Inclinaison est programmé pour 2019. ;-)

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    3. Alors il faut définitivement que je le lise !

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