lundi 3 avril 2023

Christopher Priest - Le prestige

Christopher Priest 

Le prestige 

Ed. Denoël

 
Vous l'ignorez sans doute - et comment pourriez-vous le savoir ? - mais j'adore la prestidigitation. Les tours de cartes en particulier. Je pratique d'ailleurs à mes heures perdues. Le comptage Elmsley n'a aucun secret pour moi, je maîtrise un nombre incalculable de fausses coupes, force la donne avec aisance. J'ai évidemment lu une quantité non négligeable d'ouvrages sur le sujet - traités, manuels, études, mémoires, fictions. Il était logique que je finisse par me lancer dans ce classique de Christopher Priest.

Christopher Priest Le prestige folio Denoël
À travers le récit imbriqué d'un reporter envoyé par son journal enquêter sur le mystérieux don d'ubiquité d'un gourou, ce roman met en scène deux prestidigitateurs de la belle époque. Le témoignage de l'un puis les carnets de l'autre plongent le lecteur au XIXème siècle. Là, il assiste à la compétition acharnée entre deux magiciens dont le talent est malheureusement gaspillé
par une conduite futile et destructrice. En effet, ennemis à la scène comme à la ville, ils se livrent à une vindicte qui les mènera bien au-delà de la simple rivalité.

Cette histoire est l'occasion d'invoquer les grandes heures de la magie et de rendre hommage à ceux qui les ont marquées. Christopher Priest offre ainsi un tableau détaillé de ce milieu, ses décors et son folklore, expose les règles auxquelles obéissent les illusionnistes, leur nécessité de se renouveler, de s'améliorer et de protéger leurs secrets tout en s'inspirant de ce qui se pratique et des innovations de la société, en l’occurrence, ici, l'introduction de l'électricité et de l'électro-magnétisme.
 
Une fois que l'auteur de Conséquences d'un disparition a posé les bases, présenté ses protagonistes et exposé la situation, il met en place une trame passionnante dont l'aspect intrigant est rehaussé par une alternance des points de vue qui remet en perspective les évènements et interroge sur la tendance de chacun à les interpréter. Alors, troquant sa casquette de romancier contre celle de bonimenteur, il enchaîne les illusions, manipule le lecteur et, basculant dans une littérature de genre pleinement assumée, il sert sur un plateau une chute incroyable et originale, à la hauteur du roman habilement construit et magistralement mené qu'elle clôture.

6 commentaires:

  1. Un roman fascinant oui. Et le film n'est pas mal non plus...

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    1. J'avais vu le film à sa sortie mais je ne m'en souviens pas très bien. Il est bien possible que le roman me reste mieux.

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  2. C'est à se demander comment tu as pu ne pas le lire avant. C'est un très bon roman, que je crois avoir encore plus apprécié une fois que j'ai vu le film - c'est un peu un tour de passe-passe à l'échelle de mon cerveau.

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    1. C'est vrai que c'est très malin, assez inattendu et que ça peut emmêler les neurones. Il est peut-être temps que je revoie le film.

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  3. J'ai adoré ce livre, c'était mon premier Priest.
    Bien contente que ce tour de prestidigitation de haute volée reçoive l'adoubement d'un prestidigitateur amateur ^^

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    1. Amateur, en effet, de prestidigitation et de Priest.

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