dimanche 2 décembre 2018

Will Wiles - Way Inn

Will Wiles Way Inn La Volte

Will Wiles 

Way Inn 

Ed. La Volte 


Il me semble difficile de ne pas commencer ici en nommant le personnage principal : Neil Double. Cet homme au patronyme prédestiné est exactement ce que son nom laisse entendre, un double. Son métier consiste à prendre votre place dans les congrès professionnels si vous avez mieux à faire de votre temps. Il arpente les salons, écoute les discours, picore des amuse-gueules, dort dans des chaînes hôtelières et vous transmet un rapport circonstancié.

Et ça tombe bien, le confort aseptisé, les relations sans lendemain, l'aspect corporate, l'appartenance à une catégorie socio-professionnelle élevée, l'anonymat total, Neil Double adore ça. Mais un beau jour, il est démasqué. Et rien ne va plus. Ni pour lui, ni pour le livre…

Le roman est composé de trois parties. Dans la première, Will Wiles dresse le portrait acerbe des bullshit jobs, ces emplois vides de sens et dont l'une des caractéristiques principales est de ne rien produire. Les lobbies également en prennent pour leur grade et le roman a des airs de manifeste anthropologiques sur l'inutilité et la superficialité du travail en col blanc. Ce n'est pas toujours très subtil mais c'est juste et assez engagé. Cette première partie prend son temps mais est à mon sens la meilleure. On change de registre dans les deux parties suivantes. D'abord, l'auteur plonge son personnage dans le broyeur administratif, puis il l'envoie dans un cauchemar délirant. Alors le rythme s'élève et la narration gagne en fluidité là où malheureusement le roman perd en cohérence. 

Très enthousiaste au début, je referme ce livre peu convaincu. Le personnage routinier et insipide est bien pensé, les scènes d'absurdité bureaucratique sont percutantes, les descriptions de l'hôtel sont visuelles - on s'y croirait - et l'idée du bâtiment plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur est bien exploitée. Mais je déclare forfait sur le côté horrifique. L'ensemble est plutôt efficace et plaira sans aucun doute aux amateurs de romans d'épouvante. Mais je n'ai pas adhéré à ce registre.

C’est sur l’avis du Chien Critique que je me suis lancé dans ce livre.

4 commentaires:

  1. c'est le problème avec ce style de roman aux différents sous genres, on peut parfois moins aimé une partie.
    La fin aurait peut être gagné à être plus ambigüe, laissant le lecteur décider si tout cela se passait dans la tête du narrateur ou dans la réalité.

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    1. C’est vrai que la fin laisse peu de place à l’imagination et aurait gagné a suggérer plutôt que tout montrer.

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  2. Cela confirme qu'il ne me faudra pas le tenter, le côté horrifique me rebutera assurément. Dommage, c'était tentant sur le pitch de départ. =/

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    1. Le pitch est bon et il est dans l'ensemble plutôt bien exploité. Après, c'est une question de goût. Les amateurs y trouveront clairement leur compte.

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