Pierre Bayard
Le hors-sujet - Proust et la digression
Ed. Minuit
À la recherche du temps perdu a radicalement changé ma perception de la littérature et compte parmi mes expériences de lectures les plus marquantes. Une fois ce monument terminé, j'ai lu tout ce qui me passait sous la main concernant Marcel Proust et son oeuvre, de sa biographie par Jean-Yves Tadié à son portrait par Céleste Albaret en passant par ses correspondances, des analyses du texte, des études et toutes sortes d'appareils critiques. Je suis allé visiter la maison de Tante Léonie à Combray, me promener sur le remblais à Balbec et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'étais une groupie.
Maintenant, quelques années plus tard, en partie sevré de cette addiction, je profite de l'approfondissement du travail de Pierre Bayard pour m'injecter une petite piqûre de rappel proustien. Le hors-sujet, qui propose de réfléchir à la notion de digression dans la littérature, s'appuie sur la Recherche comme référence. Comme souvent, son auteur ouvre les hostilités dès la première page avec une affirmation sans appel : "Proust est trop long." Bien sûr, cette assertion provocatrice est suivie d'une démonstration plus raisonnée. L'ouvrage cherche à définir le sujet du livre et à pointer du doigt les différentes digression possibles, s'interroge sur la longueur du texte et sur l'utilité de certains passages. À partir de tous ces éléments, tissant des liens entre littérature et psychanalyse, sachant que les deux domaines ne s'accordent pas forcément sur les définitions, il tâche de déterminer ce qui peut ou non être hors-sujet.
Autant l'auteur d'Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ? sait être accessible, autant Le hors-sujet a tout du travail universitaire aride. C'est une lecture exigeante destinée à des amateurs éclairés, voire à un public très averti. À moins d'être particulièrement curieux ou de tenir à lire tout ce qui se fait sur la Recherche, je pense que, si sa problématique est intéressante, cette lecture n'est pas indispensable.
Quant au texte de Proust, il n'est pas trop long. Non. Certes, comme l'a fait Gérard Genette dans Figures III, on peut le réduire à "Marcel devient écrivain". Mais ce sont justement les digressions qui font la substance du livre, ce que reconnaît Pierre Bayard à qui je laisse la parole pour clore ce billet :
Autant l'auteur d'Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ? sait être accessible, autant Le hors-sujet a tout du travail universitaire aride. C'est une lecture exigeante destinée à des amateurs éclairés, voire à un public très averti. À moins d'être particulièrement curieux ou de tenir à lire tout ce qui se fait sur la Recherche, je pense que, si sa problématique est intéressante, cette lecture n'est pas indispensable.
Quant au texte de Proust, il n'est pas trop long. Non. Certes, comme l'a fait Gérard Genette dans Figures III, on peut le réduire à "Marcel devient écrivain". Mais ce sont justement les digressions qui font la substance du livre, ce que reconnaît Pierre Bayard à qui je laisse la parole pour clore ce billet :
"Le sujet multiple que Proust met en scène se situe toujours ailleurs qu'à l'endroit où il paraît être, et […] la digression, au sens où nous l'entendons, est l'élément formel central de l'écriture de cet ailleurs."
"Le texte proustien est composé de telle manière qu'il n'y a que des digressions et qu'il est impossible de dire où, sans que la digression ne se résolve et que l'énoncé qui la désignait ne soit déjà devenu faux."
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