Franck Bouysse
Grossir le ciel
Ed. La manufacture de livres
Le roman de Franck Bouysse s'ouvre sur un registre de bucolisme noir. Le personnage principal, Gus, est un paysan solitaire, bourru et taiseux, qui vit avec son chien dans une ferme isolée des Cévennes. À quelques centaines de mètres de là vit un autre paysan, Abel, même profil. Dès les premières pages, la description du personnage est si parlante et Franck Bouysse le présente avec tant de justesse et de précision qu’on a l’impression de le connaître depuis toujours. On vit avec lui, on partage son quotidien, ses soucis et sa mélancolie.
La suite enfonce le clou et plonge le lecteur en pleine littérature du désespoir. Gus a le verbe rare. Et quand d’aventure un banquier ou un évangéliste toque à sa porte, la repartie se fait cinglante, incisive. Franck Bouysse révèle alors ses talents de dialoguiste. Il ne met pas de gants et frappe juste. Pas de place pour les mondanités, on dit ce qu’on pense, sans détour et on minimalise les relations humaines. Gus n'a que faire des autres, il n’a réellement d’affection que pour son chien, Mars, et il préfère être seul avec ses souvenirs. Car Gus porte un lourd passé qui nous est égrené au cours du récit. Les flashbacks sordides se succèdent. Et un beau jour, le comportement du voisin change. Il commence à se passer des choses étranges, une atmosphère très intrigante se met en place et la tension monte d’un cran, palpable. Les pages se tournent toutes seules.
Franck Bouysse a su insuffler de la poésie dans un environnement rigoureux à l'extrême, sa narration est d'une grande fluidité, son personnage a de la profondeur et il communique des sentiments forts. C'est un styliste, tout en finesse et en nuances… jusqu'à quelques pages de la fin. Car au moment où on se dit qu'on veut savoir… on réalise qu'on aurait préféré… ne pas savoir… ne pas assister à… ça. Une chute en forme de tarte à la crème. Un truc énorme. Mais énorme !
J'aurais dû m'arrêter avant la fin, tiens. J'aurais probablement été un peu frustré de ne pas avoir le fin mot de l'histoire mais je serais au moins resté sur les qualités du roman. Plutôt que de finir par cette scène lamentable qui tombe à ce point comme un cheveu sur le chabrot.
J'aurais dû m'arrêter avant la fin, tiens. J'aurais probablement été un peu frustré de ne pas avoir le fin mot de l'histoire mais je serais au moins resté sur les qualités du roman. Plutôt que de finir par cette scène lamentable qui tombe à ce point comme un cheveu sur le chabrot.
Tu arrives souvent à me faire découvrir des textes que je ne connais guère. Celui ci me fait de l'oeil, seul le côté sordide et la fin me laisse légèrement dubitatif. Je note dans un coin de ma tête.
RépondreSupprimerC'est définitivement sordide, glauque mais non dénué d'une certaine forme de beauté. Quant à la fin, va savoir, certains la trouveront probablement à leur goût.
SupprimerJe l'ai lu, il y a un certain temps, beaucoup aimé, et.. je ne me souviens absolument pas de la fin ! L'une des grandes qualités de Bouysse est cette capacité à instiller, comme tu le soulignes,de la poésie dans la rudesse, et dans le sordide. Avec parfois un peu de débordement dans le lyrisme (c'est en tous cas ce qu'il m'a semblé dans "Plateau").. Et les premiers avis émis sur son dernier titre sont dithyrambiques !
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il est très doué pour rendre poétique cet univers austère. Quant à son dernier livre, "Né d'aucune femme", il récolte effectivement de sacrées louanges. A voir.
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