mardi 5 mars 2019

Martin Winckler - Le Chœur des femmes

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Martin Winckler

Le Chœur des femmes

Ed. P.O.L


Jean (prononcer Djinn) Atwood termine son internat. Douée et ambitieuse, elle est promise à un brillant avenir et se voit déjà cheffe du service de chirurgie d'une clinique cotée. Mais pour valider sa dernière année, elle doit passer six mois de stage sous la direction du Dr Karma, dans une petite unité de gynécologie de l'hôpital de Tourmens - décors habituel des romans de Martin Winckler. Six mois qu'elle considère comme autant de temps perdu et qu'elle s’apprête à traverser en trainant les pieds.

Dès le départ, le portrait de la jeune interne est tranché. Antipathique, arrogante, agressive, trop sûre d'elle, elle est à gifler. Pas moins. Heureusement, au contact du Dr Karma et de ses patientes, son personnage évolue. D'abord convaincue que la vraie médecine ne se pratique qu'au scalpel, elle finit par réaliser l'importance de la parole dans le rapport médical. D'ailleurs, à travers l'histoire de sa prise de conscience, Le Chœur des femmes est une réflexion sur la pratique de la médecine en général et le rapport hiérarchique entre le patient et le médecin en particulier. Le livre dénonce également certaines pratiques médicales et s'attaque sans vergogne aux lobbys pharmaceutiques. Autant de points développés plus tard dans Les Brutes en blanc, un pamphlet sur la maltraitance médicale et dont les principaux sujets sont en germe dans ce roman.

Durant six-cents pages, le lecteur assiste aux consultations du médecin et de l'interne et écoute des témoignages largement inspirés de l'expérience professionnelle de l'auteur, médecin lui-même. Il a beau ne pas se passer grand chose, la narration est rythmée et Martin Winckler parvient à captiver son lecteur, à lui donner envie d'apprendre et de comprendre. De plus, avec le temps qui passe, on finit par s'attacher à Jean Atwood, qui se bonifie au contact du Dr Karma, un très bon personnage, attentif, calme et pédagogue. Le duo fonctionne à merveille.

Bon, je ne vais pas m'étendre sur le naufrage des cinquante dernières pages. Tout à coup, sorti de nulle part, un semblant d'intrigue psychologique mêlant secrets de famille et recherche scientifique se met en place, offrant un piètre rebondissement et donnant au livre une étrange tournure dénuée d'intérêt. Plutôt que de le refermer sur cette dernière impression mitigée, je vais tâcher de garder en tête les six-cents pages durant lesquelles je me suis passionné pour le rapport entre le gynécologue et sa patiente.

Et je vais même aller voir du côté de la suite, L’École des soignantes.

2 commentaires:

  1. La fin est effectivement un naufrage sinistre. Mais je n'ai guère goûté le reste non plus. Ancien paramédical, je n'ai pas apprécié le ton ni les manières. C'est vrai que je n'étais ni gynéco ni médecin. Jadis pourtant j'avais aimé La maladie de Sachs.

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    1. La chute me semble pour le moins nébuleuse. Mais soit. Pour le reste, j'ai trouvé que le roman s'appuyait sur une passion assez communicative et, même si j'ai préféré "La maladie de Sachs", j'ai passé un bon moment en sa compagnie.

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