dimanche 22 décembre 2019

Georges Bernanos - Journal d'un curé de campagne

Georges Bernanos Journal d'un curé de campagne Le Castor Astral

Georges Bernanos 

Journal d'un curé de campagne 

Ed. Le Castor Astral 


Georges Bernanos (le père de Michelrépondait, dans un questionnaire figurant dans les documents annexes de la présente édition, que la foi est la plus estimable des vertus et Maurras le personnage historique le plus sympathique. Voilà qui confirme l'image de catho de droite qui lui colle à la peau et annonce la couleur d'un roman réputé pour sa rigueur et son austérité.

Comme l'indique le titre, il s'agit du journal tenu par un curé fraîchement nommé dans une paroisse campagnarde du nord de la France. Jeune et passionné, en mission pour le Seigneur, il arrive pour guider ses ouailles, mais se heurte rapidement à la réalité du terrain, aux vices et à l'inertie d'une population cruellement dénuée de foi. Avec le temps qui passe, il commence à réaliser quel fossé le sépare de ses paroissiens, à sentir le poids de sa solitude, à douter de la pertinence de sa mission et de l'utilité de sa présence, quand bien même il ne doute jamais de sa foi.

Le cahier d'écolier qui fait office de journal se remplit des états d'âme du curé. Régulièrement, entre les anecdotes de son quotidiens, les réflexions sur son poste et les inquiétudes quant à sa santé fragile, des pages manquent, arrachées, et des passages entiers sont illisibles, raturés. Le curé s'auto-censure-t-il ? N'assume-t-il pas ses propos ? A-t-il des choses à cacher ? À moins que quelqu'un ne soit passé derrière lui ? Ces "trous", qui sont laissés à la libre interprétation du lecteur, soulèvent de nombreuses questions sur la personnalité du curé et permettent de ne pas en figer le portrait. Ils remettent tout le journal en perspective et lui donnent une dimension insoupçonnée. Finalement, les passages manquants finissent par être aussi éloquent que le reste du journal - ce procédé est assez brillant.

Comme annoncé, le roman de Georges Bernanos est rigoureux et austère. Mais c'est surtout un livre profond, intelligent, à la langue aussi belle que classique. C'est un très grand moment de littérature, ici enrichi par les documents annexes, les préfaces de François Angelier et d'André Malraux ainsi que par les courriers qui contextualisent l'écriture du roman et sa publication. Et, bien sûr, le stupéfiant questionnaire dont il était question au début de ce billet et qui justifie à lui seul la lecteur de ce livre dans la présente édition !

8 commentaires:

  1. J'ai jeté l'éponge au bout d'une cinquantaine de pages, trop abscons pour moi... En revanche, j'ai eu un véritable coup de cœur pour Monsieur Ouine.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même si j'ai adoré, je peux complètement comprendre que ça ne plaise pas… Quant à "Monsieur Ouine", il est sur ma pile !

      Supprimer
  2. Le procédé m'intrigue, beaucoup moins le sujet.

    RépondreSupprimer
  3. Je vais tenter Georges Bernanos,même si c’est une lecture exigeante. Connaître les états d’âme de ce prêtre face à des fidèles imparfaits,le sujet m’intrigue au moment où quand même l’église traverse une crise grave.Finalement les classiques restent incontournables.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Celui-ci est définitivement incontournable et brille par un équilibre parfait entre classicisme et modernité. J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi.

      Supprimer
  4. OK. Merci.Je vais me mettre à sa lecture.

    RépondreSupprimer