Kirk Wallace Johnson
Le voleur de plumes
Ed. Marchialy
Une nuit de juin 2009, un jeune musicien brise une vitre du musée d'Histoire naturelle de Tring, en Angleterre, y pénètre par effraction et en repart avec une pleine valise de plumes d'oiseaux rares. Quelques années plus tard, alors qu'il taquine le poisson, la canne à la main, Kirk Wallace Johnson entend parler de ce vol pour le moins inhabituel. Il est d'autant plus intrigué que les plumes dérobées étaient destinées à être écoulées sur un réseau inattendu, celui des monteurs d'appâts pour la pêche à la mouche. Curieux d'en savoir plus, il décide de s'emparer du sujet et de mener sa propre enquête sur ce drôle de marché parallèle et sur le milieu qu'il alimente.
Ce livre retrace son travail d'investigation. Dans un premier temps, il revient sur l'histoire de la collection volée et s'intéresse aux naturalistes du XIXème siècle qui parcouraient le globe à la recherche de spécimens inconnus. Puis, de fil en aiguille, il nous plonge dans l'univers improbable des obsédés d'appâts et des orfèvres de la mouche, avant de s'intéresser au vol en question et au jeune homme qui s'en rendit coupable.
Basé sur différentes sources, des correspondances et des comptes rendus, des rapports et des entretiens, ainsi que sur sa rencontre avec le voleur, Kirk Wallace Johnson livre un travail journalistique immersif et enthousiasmant. Pourtant, le sujet de la pêche à la mouche peut ne pas paraître très stimulant. Mais il est enrobé de thématiques passionnantes - des grands explorateurs aux cambrioleurs audacieux - et il est traité avec un tel entrain que l'auteur parvient sans mal à transmettre son engouement et à communiquer son intérêt.
Le document, présenté comme une non-fiction et publié dans une collection dédiée, est journalistique dans sa forme, assez factuel, mais se lit avec plaisir. D'autant plus qu'il invite habilement à s'interroger sur "notre rapport à la beauté et notre désir de la posséder". Son éditeur a d'ailleurs bien saisi ce dernier point puisqu'il propose un livre-objet irrésistible, à la mise en page inventive, à la calligraphie originale, joliment illustré et d'une grande élégance.
Dans la famille "si ça n'était pas réel, ça ne serait absolument pas crédible", je demande "Le Voleur de plumes". C'est complètement intrigant, ce que je ne pensais pas dire un jour pour un livre parlant de pêche à la mouche.
RépondreSupprimerAprès tout, j'ai bien dévoré un pavé de 600 pages sur l'histoire du culturisme. Pourquoi pas une histoire des monteurs d'appâts pour la pêche à la mouche ?
Supprimerça a l'air pas mal du tout, cette originalité m'intrigue beaucoup...
RépondreSupprimerEn effet, c'est pas mal du tout… et très improbable.
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