samedi 23 janvier 2021

Patrick K. Dewdney - L'enfant de poussière

Patrick K. Dewdney 

L'enfant de poussière (Le cycle de Syffe, tome I)

Ed. Au Diable Vauvert 


Patrick K. Dewdney  L'enfant de poussière Au Diable Vauvert folio syffe
Mon père est un vieux râleur. Il passe son temps à pester. Tous les sujets y passent, les plus futiles comme les plus sérieux, souvent en boucle. L'un de ceux qui reviennent le plus souvent, en véritable marronnier, est la présence des étrangers dans sa région limousine. Mais pas n'importe lesquels, non : les anglais - ou plutôt les rosbifs, comme il dit. À l'entendre, tous ses voisins viennent d'outre-Manche. Le gars d'en face est anglais, ceux d'à côté aussi. Même le propriétaire du restaurant est anglais. Ça, c'est moche.

Non pas que je veuille absolument donner raison à mon vieux - je déteste être d'accord avec lui et, par principe, j'évite de l'être - mais Patrick K. Dewdney est d'origine britannique et installé dans le Limousin - il est de langue française, j'imagine que ça joue en sa faveur. Auteur de poésie et de romans noirs, il signe avec L'enfant de poussière le premier volume d'un cycle de fantasy. Attention, on est là dans une variante soft du genre puisqu'on n'y trouve ni dragons ni magiciens. De fait, ce livre a presque plus des airs de roman historique moyenâgeux.
 
Un moyen-âge, donc. La période est sombre et le contexte d'autant plus obscure que le roman s'ouvre sur une crise politique. Le roi est mort et avec son décès c'est toute une stabilité qui s'effondre. C'est sur ce fond que l'on découvre Syffe, un garçon des rues à mille lieues de s'intéresser à la politique, un jeune orphelin sans perspective qui ignore alors que ses pas vont le conduire sur une route tumultueuse : il s'apprête à devenir le principal protagoniste, sinon le héros, d'un ample roman et d'une vaste aventure. Sur sa route, il va croiser des personnages formateurs, des modèles et, à défaut de trouver à leur contact la figure parentale qui lui manque, il découvrira certaines valeurs, apprendra la vie et deviendra un homme. De la manière forte.

L'enfant de poussière est donc, à sa manière, un roman d'apprentissage. Mais c'est également une brillante œuvre picaresque, très classique dans sa construction générale et, en particulier, dans les différentes parties qui le composent : les personnages secondaires se succèdent et, avec eux, les situations s'enchaînent. Chaque partie présente un milieu ou une couche de la société et fait découvrir à son héros miséreux un aspect social ou moral. Autant d'éléments propres au genre qui dessinent un univers complexe et élaboré.

Pas de "mais" jusqu'à présent, le livre est assez irréprochable. Les personnages sont solides, le décor somptueux, l'intrigue d'une grande fluidité, l'action bien menée et sans temps morts, les thématiques subtiles et la langue d'une grande richesse. Toutefois, n'oublions pas qu'il s'agit là d'un premier volume. Reste donc à voir ce que l'auteur a derrière la tête, d'autant plus qu'il ouvre de nombreuses pistes, pose beaucoup de questions et laisse le lecteur sur une grosse accroche.

Affaire à suivre, donc, avec La Peste et la Vigne.

4 commentaires:

  1. Pour avoir lu et adoré aussi le deux, je peux déjà te dire que le second volume est aussi solide que la premier. Mais il me semble qu'il a prévu une longue série et il faudra donc voir sur la durée si ça le reste. C'est en tout cas un très bon début de série de fantasy, très riche avec un univers bien pensé et des personnages très bien construits en effet.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Voilà qui me donne encore plus envie de me jeter sur le tome deux !

      Supprimer
  2. Bien de la poussière se serait déposée avant que je ne devine la finalité de cette - très drôle - intro. ^^
    C'est vraiment dommage qu'il y ait plein de tomes de prévus, ça me freine alors que ça a l'air très bien.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Non seulement c'est une série mais en plus elle est en cours. Il peut se passer des années avant qu'elle ne soit terminée.
      Mais ça vaut vraiment le coup de se lancer dedans.

      Supprimer