lundi 22 mars 2021

Anne-Laure Chanel - Sœur sans bruit

Anne-Laure Chanel Sœur sans bruit Le Rouergue
Anne-Laure Chanel 

Sœur sans bruit 

Ed. Le Rouergue 


Après une première parenthèse, voilà que j'en ouvre une seconde aux gaudrioles habituelles du blog, toujours sous forme de séquence émotion. 
 
 
Je ne suis pas particulièrement anxieux de nature mais, c'est comme ça, il m'arrive de m'inquiéter pour mes gosses. Enfin, pour être honnête, je m'inquiète surtout pour ma fille. Mon fils... lui... comment dire... Lourdement handicapé, il ne parle pas, il ne marche pas, il ne voit pas et il n'entend presque rien. Partant de là, je ne sais pas trop ce qu'il risque. Certainement pas plus de mauvaises fréquentations que d'échec scolaire. Bref.

Ma fille, elle, est "normale" - neurotypique, comme on dit dans ce milieu. Ce n'est pas tellement pour son avenir que je ne me fais du mouron car de deux choses l'une : ou bien elle suivra celui que je lui ai tracé et tout ira pour le mieux (oh... rien que de modestes ambitions : championne olympique de tennis de table, Grand Maître International aux échecs et Prix Nobel de littérature. Dans cet ordre.), ou bien elle trouvera une autre voie, la sienne, et je ne doute pas qu'elle s'y épanouira.

Mes principales inquiétudes à son égard sont d'un autre ordre : je ne peux pas m'empêcher de me demander si elle parviendra à trouver sa place dans une famille accaparée par le handicap, si elle réussira à assumer ce rôle de "sœur d'un garçon polyhandicapé" sans pour autant risquer de s'y enfermer, si elle trouvera le moyen de s'en affranchir. Et quel prix à payer pour tout ça ? Bref, si elle ne sera pas, consciemment ou inconsciemment, écrasée sous le poids de son frère, que ce soit par la société ou par sa famille.

Pour m'aider à ébaucher des réponses à ces interrogations, j'étais curieux de lire le témoignage d'une personne vivant une situation globalement comparable. Mon choix s'est porté sur le livre d'Anne-Laure Chanel, dans lequel elle rend compte de son expérience alors que l'un des jumeaux dont elle est la sœur est handicapé. On peut se douter de l'importance que cela représente pour elle avant même de parcourir la première page : si elle a éprouvé le besoin de l'écrire noir sur blanc, c'est bien qu'elle n'en pense pas moins. La question est de savoir quels mots elle choisit pour illustrer ses sentiments.

Elle met du temps à trouver les bons, je crois. Ou du moins à délier sa plume. Elle tourne d'abord un peu autour du pot, se disperse dans des généralités peu révélatrices mais, avec les pages qui se tournent, l'intimité qui se créé et l'émotion qui s'installe, elle finit par atteindre son objectif, à formuler de bonnes questions et à aborder des points qui me titillent également, notamment ceux que j'ai évoqués ci-dessus. Mais c'est l'un des derniers points qu'elle aborde qui me travaille tout particulièrement : que se passera-t-il quand sa mère et son père ne seront plus là pour s'occuper du frère ? Ou quand ils ne le pourront plus ? La charge lui incombera-t-elle ? La même question se pose pour ma fille. Devra-t-elle (sup)porter son frère quand ses parents n'en seront plus capables ? Ou espèrera-t-elle intérieurement, comme Anne-Laure Chanel, qu'il ne vive pas suffisamment longtemps ?

Vaste sujet. L'avenir seul y répondra. 
 
 
'faudrait pas non plus que ces parenthèses deviennent une habitude...

4 commentaires:

  1. Habitude ou pas, parler (verbaliser comme c'est que disent les psys) fait toujours du bien... Pourquoi s'en priver ?

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    1. Il n'est pas dit que je m'en prive. Mais ce blog n'est peut-être pas l'endroit le plus approprié pour ça.

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  2. Ecrire c’est certainement une façon de dédramatiser.On évite bien des naufrages et en plus comme tu écris bien,pourquoi s’en priver.

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