Robert Darvel
L'homme qui traversa la Terre
Ed. Les Moutons Électriques
Jules Verne, ça parle à tout le monde - ou presque. La quatrième de couverture du présent ouvrage fait allusion au romancier nantais et il y figure même la citation suivante, tirée des Inrocks, "Jules Verne likes this". Il faut reconnaitre que tout dans ce livre fait penser au Voyage au centre de la Terre, à commencer par le titre. La référence est évidente, de même que certains éléments de l'intrigue. Voyez plutôt :
Suite à un accident de laboratoire, Emerance de Funcal s'est retrouvée exposée au rayon ZR conçu par son fiancé Louis Zèdre-Rouge. L'inventeur, qui travaillait sur un moyen de faire pénétrer un corps humain dans la matière, assiste donc, impuissant, à la disparition de la jeune femme dans le sol ! Quelques années plus tard, en Islande, des prospecteurs géologiques sont confrontés à des faits souterrains inexplicables...
En trois parties et deux intermèdes, le roman multiplie les références et rend un bel hommage au père des Voyages Extraordinaires. Mais pas seulement. Si on creuse un peu plus loin, on réalise qu'il balaye beaucoup plus large. En effet, Robert Darvel décoche une quantité impressionnante de clins d’œil aux représentants majeurs du courant merveilleux scientifique. Dès lors, pour qui veut se prêter au jeu, le livre prend des airs de vaste devinette adressée aux amateurs du genre.
Certains détails sont limpides, comme le pseudonyme de l'auteur ou comme le fait que les prospections géologiques de ce roman aient lieu dans le même volcan que celui par lequel Otto Lidenbrock et son neveu entament leur périple dans celui de Jules Verne. Quand le bureau du père d'Emerance est décoré de gravures de Robida, auteur d'une trilogie d'anticipation sur le vingtième siècle, ou quand son cabinet est baptisé "Baruch & Jorgell", du nom du méchant dans Le Mystérieux Docteur Cornélius, les références sont indéniables. Et quand les explorateurs de la lithosphère se nomment les "altéracs", je ne pense pas me tromper en y voyant un vibrant hommage à Joseph Altairac, co-auteur d'une somme de référence sur les terres creuses.
Le roman regorge de ce type d'allusions. Maintenant, de là à me demander si je n'en ai pas extrapolé certaines et trouvé des références partout, il n'y a qu'un pas. Mais, pris au jeu, je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'un personnage prénommé Arnoulds ne pouvait l'être qu'en référence à Galopin ou un Octave en hommage à Joncquel... Dans un roman aussi référencé, surtout pour un lecteur de mon genre, tout est prétexte à la surinterprétation.
Vous l'aurez compris, ce livre peut offrir une jolie dimension ludique. Pour autant, passer à côté des références n'enlève rien au plaisir de lecture que procurent son caractère romanesque, sa désuétude ciselée et son ton fougueux. La langue est élaborée, la narration est enlevée et les dialogues, maniérés, parfois improbables, ajoutent cette touche théâtrale qui fait revivre les grandes heures du roman-feuilleton.
"Emerance ! Emerance ! s'écrie Louis éperdu. Tes jambes, tes fesses ô combien adorées, ton sexe mignon flottent dans les béances tétraédriques de la silice constituant l'hydrate cimentaire !..."
Je l'avais repéré lors de sa sortie mais la hauteur vertigineuse de ma PAL m'avait contraint a différer son acquisition. Ton avis me donne des remords.
RépondreSupprimerIl n'est pas trop tard, je crois. D'autant plus qu'entretemps, il est sorti en poche...
SupprimerBon, ce n'est certainement pas le but que tu avais, mais tu m'as convaincu de ne pas le lire, ce n'est pas pour moi, je ne vais pas accrocher notamment au maniéré et au désuet. Mais je te remercie pour ton avis, parce que je me demandais réellement si je devais le tenter. ^^'
RépondreSupprimerAh ben zut !
SupprimerMais je dois reconnaître que si le maniéré et le désuet te rebutent, mieux vaut passer ton chemin...
Alors autant ta critique est très positive, autant je sais grâce à elle que ce n'est pas pour moi. Le style va me rebuter complètement.
RépondreSupprimerAh ben re-zut !
SupprimerJe suis tenté de te faire la même réponse qu'à Baroona...