Guillaume Pitron
La guerre des métaux rares
Ed. Les Liens qui Libèrent
Trois ans avant de partir en voyage au bout d'une like pour en savoir plus sur le bilan carbone du numérique, Guillaume Pitron s'interrogeait déjà sur la transition énergétique et, plus précisément, sur celle des métaux rares. Les métaux rares, vous savez, ce sont ces terres indispensables à la conception et la fabrication des appareils électroniques et dont les propriétés permettent notamment de briller dans la course à leur taille réduite.
Avant de terminer leur route dans nos smartphones, puisqu'ils ne sont pour ainsi dire pas recyclés, ou alors en quantité négligeable, les métaux rares posent d'autres problèmes, à commencer par leur extraction. Séparer le bon grain de l'ivraie, en l’occurrence le métal de la roche, nécessite l'emploi de solvants et autres produits chimiques et engendre des déchets. Comme les mines sont principalement délocalisées par les puissances occidentales en Asie dans des pays dont les normes environnementales ne sont pas exactement rigoureuses, les déchets sont stockés dans des espaces non confinés et polluent. Ainsi, après avoir tué à la tâche les ouvriers, ils contaminent les populations alentours. La délocalisation des exploitations a un autre effet que de simplement exporter la pollution. En offrant le monopole à certains pays qui contrôlent le marché, elle perturbe la balance géopolitique et déséquilibre les rapports de force.
Alors, que faire, surtout quand on sait que les métaux rares ne font pas que réduire la taille de nos smartphones mais
sont également très présents dans les outils de la technologie verte ? C'est la question que se pose Guillaume Pitron au terme des six ans d'une enquête passionnante, approfondie et étayée de tableaux, de graphiques et de camemberts. Contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre, le journaliste, mesuré dans ses propos, se montre lucide et ne se lance pas dans l'apologie de la décroissance. En revanche, il préconise une remise en question des comportements et invite le lecteur, avant de se projeter dans le futur, à se retourner sur notre passé et à se rappeler ce qu'il s'est produit en un autre temps avec l'huile de baleine.
Excellent livre, et en effet on ne peut pas accuser l'auteur d'être un luddite décroissant ! Ça offre une perspective plaisamment différente de beaucoup de bouquins sur ces questions, une perspective productiviste si je me souviens bien, et ça permet de mettre le livre entre des mains qui ne seraient pas forcément attirées par une approche écologiste plus classique, même si on peut s'étonner d'une "morale" un peu molle face à l'ampleur des problèmes exposés.
RépondreSupprimer"Un peu molle" ? Sans doute mais ce n'est peut-être pas plus mal. Je crains d'ailleurs que donner une dimension morale à de tels ouvrages tende à les décrédibiliser auprès de leurs détracteurs.
SupprimerJe note l’ouvrage qui en étonnera plus d’un.
RépondreSupprimerPour une prise de conscience de la consommation galopante des métaux rares.(?)
Tu peux noter cet ouvrage mais encore plus son second livre, un voyage édifiant au bout d'un like !
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