Guillaume Pitron
L'Enfer numérique
Ed. Les Liens qui Libèrent
Vous qui lisez ces lignes, je ne vous félicite pas !
Avez-vous seulement conscience de la quantité de CO2 émis et de l'électricité consommée pour consulter cette simple page ? Et tout ça pour quoi ? Pour lire l'avis d'un lecteur concernant un essai sur l'impact environnemental du numérique. Je ne vous félicite pas ! Mais je ne vaux pas mieux que vous, j'en ai bien conscience : non seulement j'ai fait tourner mon ordinateur deux bonnes heures pour rédiger ces quelques paragraphes, j'ai cherché des informations en ligne et sollicité Google à plusieurs reprises, mais en plus j'ai glissé un lien vers cet articles sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, le simple fait que vous ayez la possibilité de liker un tweet qui pointe vers cette page - mais vous ne le ferez pas, n'est-ce pas ? - est une hérésie totale. Oui mais une hérésie finalement assez représentative d'un comportement paradoxal, le mien et le vôtre.
Je ne vaux pas mieux que vous et pourtant je suis loin d'être de la pire espèce : mon smartphone est d'un autre temps et je ne l'utilise pour ainsi dire jamais, je ne me colle que rarement devant un écran si ce n'est pour alimenter ce blog et je parviens à peine à justifier ma présence sur le seul réseau social que je pratique.
Ce n'est pas la lecture du livre de Guillaume Pitron qui me donnera envie de consommer plus de numérique. Au contraire. Son enquête est édifiante et met le lecteur face à une évidence : rien n'est dématérialisé dans le virtuel. Les objets de notre quotidien, qui sont constitués de dizaines de matières premières et qui mobilisent une part énorme de la production mondiale des métaux, comportent de plus en plus de lignes de
code et envoient toujours plus de données vers des datacenters à l'autre bout de la planète, gigantesques et gros consommateurs d'énergie, à travers les câbles sous-marins déployés par des navires et qui
tapissent les fonds des océans. Likez cet article et vous ferez voyager des informations à travers sept couches du fonctionnement d'internet - des applications au réseau, au transport ou à la liaison - et vous ferez appel à une infrastructure qui dépasse l'entendement et impacte directement l'environnement.
Dans son essai, l'auteur de La guerre des métaux rares s'interroge sur la tendance actuelle à la généralisation du numérique, mais également sur notre comportement et sur les enjeux écologiques. Ni alarmiste, ni réactionnaire, il propose une réflexion nécessaire et travaille à une prise de conscience ainsi qu'à une responsabilisation d'ordre politique et citoyenne. Son essai est passionnant, instructif, et le temps consacré à sa lecture sera d'autant mieux investi qu'il génèrera une empreinte carbone nettement inférieure à un temps équivalent consacré à surfer sur internet.
Ah, je le lirai celui-là ! Je suis sans doute plus coupable. La guerre des métaux rares était excellent.
RépondreSupprimerNous sommes tous coupables !
SupprimerJe n'ai pas encore lu "La guerre...". Pas encore...
Ne crois pas que je cherche à faire du mauvais esprit, mais je me demande si ce livre est disponible en version numérique ? 😇
RépondreSupprimerJe crois que non. Mais la version papier fonctionne plutôt bien.
SupprimerL'auteur a été invité à la Méthode scientifique et c'était très intéressant. Il faut, en effet, prendre conscience de tout ce que mobilisent nos outils...
RépondreSupprimerEn effet, la prise de conscience est la première étape.
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