San-Antonio
Des gueules d'enterrement
Ed. Fleuve Noir
Comme cadeau pour le mariage de son neveu, le boxeur qu'on avait déjà rencontré dans Ça tourne au vinaigre, Béru lui offre un appareil photo chiné aux puces. Pourquoi pas ? Sauf qu'au moment de lui donner, il réalise qu'une pellicule est déjà engagée dans le boîtier. Une marrade, une boutade, une bourrade et la pellicule termine sa course dans la poche du Gros, avant d'être développée plus tard, par curiosité. Et quelle curiosité ! La trombine d'un macchabée apparaît sur le papier...
San-A et Béru tentent alors de remonter la piste de l'appareil, des puces à leurs fournisseurs, des policiers jusqu'aux tueurs, de ceux qui vivent à ceux qui meurent... L'occasion pour le commissaire, en feuilletant des albums, de livrer quelques réflexions bien à lui sur cette chienne d'existence :
"Les photos datent de longtemps. J'y découvre des personnages morts ou vieillis, des jeunes gens, des rires, des enfants... La pétasse de vie les a gommés... Et, maintenant, cette population fixée sur les rectangles de papier glacé effrangé sont échelonnés, au fil des cimetières. Ou bien ils sont devenus tristes et désenchantés, ce qui est pire..."
Ces considérations pessimistes sont largement rehaussées par le vocabulaire de l'auteur, par le pittoresque des personnages, par la finesse des réparties, par l'incongruité des comparaisons, par un humour implacable et par l'échange hilarant de télégrammes entre San-A et cette vieille baderne de Pinuche, égaré en mission à l'étranger, et qui vaut à lui seul la lecture de ce très bon épisode.
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