dimanche 5 février 2023

David Morrell - Premier sang

David Morrell 

Premier sang 

Ed. Gallmeister 


Publié aux États-Unis en 1972, le roman de David Morrell est plus connu sous le titre de son adaptation cinématographique, Rambo. Vous en connaissez sans doute le sujet mais je vais tout de même en rappeler les grandes lignes pour les deux du fond, là-bas.
 
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Rambo, "le gamin", comme on l'appelle tout au long du livre, est un marginal barbu aux cheveux longs qui vagabonde, son sac de couchage roulé à l'épaule. Il est appréhendé par Teasle, un shérif de province, apparemment sans raison, et déposé à la sortie de la ville. Mais il revient. Une fois, puis deux. La troisième, il termine au poste. Brutalisé, il s'échappe, non sans avoir éventré l'un des hommes présents. Ce sera le premier mort d'une longue série. Car "le gamin", traqué dans la montagne et replongé dans ses souvenirs de la guerre du Vietnam et dans les tortures qu'il y a subies, va mettre à profit son expérience et ses compétences pour éliminer les uns après les autres tous les hommes à sa poursuite. C'est alors qu'arrive le colonel Trautman, son supérieur, son formateur...

Tout a déjà été écrit sur le syndrome post-traumatique des vétérans, sur les difficultés d'anciens soldats hantés par leur passé et aigris par l'indifférence à se réinsérer dans la société, ainsi que sur le manque de reconnaissance d'un pays qui n'a pas hésité à sacrifier ses hommes avant de les considérer comme des charges. Je ne suis pas sûr qu'une nouvelle tartine sur le sujet soit utile ou pertinente. De plus, je me demande si le véritable sujet du roman ne pourrait pas être ailleurs. Ailleurs que dans le Vietnam et ailleurs que dans le rapport au père, évident, entre "le gamin" et Teasle ou, plus évident encore, entre Trautman et Rambo. Non. Je vous parle d'une réflexion sur le luddisme dans les arts de la guerre.
"Je déteste la guerre, mais je crains encore plus le jour où les machines remplaceront les hommes."
Cette citation, que l'auteur fait prononcer à Trautman, résume à elle-seule le vrai propos du roman. Rambo n'est pas juste un soldat traumatisé. Il est, avec son supérieur et ses quelques semblables, l'un des derniers représentants de son espèce, inadapté à une société qui évolue sans eux. Impuissant et perplexe, le colonel regarde la technologie remiser les armes telles que lui au placard. Car, pour ce dernier, l'ennemi, le vrai, c'est la technologie. Et si, dans une guerre, il n'y a jamais de vainqueurs, les vrais perdants seront les Rambo et les Trautman, qui n'auront plus que leur "Medal of Honor" pour briller et qui, un jour, verront des geeks piloter leurs drones de combat depuis des bureaux climatisés, un café à la main. Les soldats comme "le gamin", qui ne sont jamais aussi dangereux qu'armés d'un couteau et le corps dissimulé sous la boue, eux, sont guettés par l'extermination. La citation ci-dessus est, sans surprise, ponctuée de la pensée fataliste - et discutable - suivante.
"C'est la fin d'une époque. Dommage."

2 commentaires:

  1. J'apprends donc que le film est tiré d'un roman. Tu sais dire si l'adaptation est fidèle ?

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    1. Le film est un peu loin dans ma mémoire. J'ai cru comprendre que le roman était plus radical, plus violent et plus sanglant, notamment dans sa chute.

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