Léo Henry
Héctor
Ed. Rivages
Il y a des romans qui se méritent. Héctor de Léo Henry en est. Pourtant, croyez-le, expérimental ou grand public, original ou énigmatique, s'il est relativement imprévisible, l'auteur de L'autre côté n'est pas toujours difficile d'accès. D'ailleurs, la garantie de l'inattendu qui accompagne chacune de ses publications contribue à son charme. Du charme, il en a - et son dernier ouvrage est à son image.
Fort d'une bourse et d'un projet ambitieux, le romancier s'envole pour Buenos Aires, sur les traces d'Héctor Germán Oesterheld, scénariste de bandes-dessinées et militant de la gauche peroniste, victime de la dictature militaire de Videla. Là, dormeur éveillé, il déambule en un temps incertain, au risque d'égarer son lecteur dans le damier tracé par un urbaniste austère. La réalité rigoureuse laisse alors doucement place à un fantasme dystopique et le fil rouge s'estompe, malgré le lien persistant entre le gaufrier de la ville et celui des BD du créateur de L’Éternaute. Vers quels horizons alors s'oriente le roman ? L'histoire de la ville, sa substance et sa politique ? Les créateurs argentins, Borges, Quino et Pratt en chefs de file, et l'influence qu'ils ont eue sur le reste du globe - et sur Léo Henry lui-même ? Tout cela sans doute.
"Ce livre est une tentative de regarder ce qui s'est joué en ce temps et en ce lieu, à la rencontre du réel, du rêve et du récit."
Entre les descriptions de Buenos Aires et sa superposition avec la ville fictive d'Aquilea, la tenue d'un journal
de voyage et des étapes d'une importante documentation, le projet d'élucider le péronisme ou d'apporter un éclaircissement sur le destin d'Oesterheld, il n'est pas simple de savoir sous quel angle observer ce livre. C'est en cela qu'il se mérite. Mais, pour qui se laisse embarquer, c'est le dépaysement assuré !
Étonnant. Et pas facile à envisager. Est-ce que c'est encore un roman ou est-ce que c'est plus un carnet de route ?
RépondreSupprimerLes deux. Ou plutôt aucun des deux. Ou à mi-chemin. En fait, j'en sais rien... Mais étonnant, ça oui !
SupprimerUn éclairage intéressant sur cet auteur de BD disparu sous Videla.C’est noté pour la lecture.
RépondreSupprimerDommage Leo Henry ne passe pas par chez moi en dédicace. Merci pour la chronique.
Avec plaisir !
SupprimerC'est vrai que c'est un sujet pour le moins inhabituel...