vendredi 17 mars 2023

San-Antonio - Béru et ces dames

San-Antonio Béru et ces dames Fleuve Noir
San-Antonio 

Béru et ces dames

Ed. Fleuve Noir 

 
Alexandre-Benoît Bérurier revient à Saint-Locdu-le-Vieux (Normandie), pour y enterrer son oncle Prosper. Il y retrouve sa cousine Laurentine, avec laquelle il est fâché depuis toujours mais avec laquelle, surtout, il est couché sur le testament du vieil homme. Et pas n'importe quel testament ! Les légataires se retrouvent propriétaires d'une vaste demeure à Paris. Toutefois, il y a une condition : les deux cousins doivent s'occuper à tour de rôle, une semaine chacun, du coq domestique du défunt, Mongénéral. À la mort naturelle de l'animal, et à ce moment-là seulement, ils deviendront propriétaire du bâtiment. Attention, pas question de passer le gallinacée à la casserole : un vétérinaire est assermenté pour s'assurer de son bon traitement et, en temps venu, du caractère naturel de sa mort... S'il venait à lui arriver quoi que ce fût, l'héritage reviendrait à la commune.

Après avoir confié le coq à Berthe, Béru se rend avec Laurentine et San-A à la demeure en question. Horreur, il s'agit d'une maison close. L'oncle Prosper cachait bien son jeu, le saligaud ! Voilà Béru, flic, et Laurentine, bigote, à la tête d'un bordel ! Et encore, ils ne sont qu'au début de leurs surprises. Et de leurs problèmes...

Une fois placé ce cadre tout droit sorti de l'imagination sans limite d'un San-Antonio au sommet de sa forme, l'intrigue peut se mettre en branle - si je puis me permettre. Mais, comme souvent, c'est moins pour la trame fantasque que pour les divagations débridées qui en découlent que cet épisode des aventures du commissaire vaut le détour. Je vous laisse imaginer la couleur des dialogues, la teneur des réflexions et le niveau des observations auxquels peuvent se livrer les nouveaux tauliers de cette maison de joie. Comme à sa bonne habitude, l'auteur profite de l'occasion pour offrir une démonstration de calembours et de bons mots, de notes de bas de page et d'adresses au lecteur.
"Tu la trouves pas misérable dans son genre, notre condition ? A priori, on a tout : l'intelligence, le pognon... On peut envoyer des fusées sur la Lune, attacher des casseroles à la queue des chiens, regarder la télévision, cuisiner des rognons sauce madère, écrire des livres, sauter des dames, des messieurs ou même des chèvres si le cœur vous en dit, et pourtant on reste accroché à cette saloperie de fil invisible qui vous tire dans la mouscaille lorsqu'il en a envie."
Ce hors-série, plus long et plus consistant que les épisodes classiques, permet à "l'anarchiste gentil de la littératouille policouille" de développer sa pensée en profondeur. Il glisse de nombreuses remarques assez justes sur la société, son fonctionnement, et prend le temps de s'interroger sur les vices et les dérives de ses contemporains, ainsi que, évidemment, sur le plus vieux métier du monde. À ce sujet, il frappe quelques statistiques au coin du bon sens puis d'autres considérations à ceux du pessimisme et de la lucidité, le tout avec un humour ravageur. Un régal !
 


 
Et pour suivre l'avancée de ma lecture complète des aventures du commissaire San-Antonio, cliquez sur le sourire de l'auteur !

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