Lionel Obadia
Idées reçues sur les zombies
Ed. Le Cavalier Bleu
Tenez-vous bien, on va filer directement à l'ultime paragraphe du livre. Je suis comme ça, moi. Pas du genre à tourner autour du pot, si ce n'est pour prendre le temps de rassurer les deux anxieux du fond : dévoiler la conclusion de ce livre n'en gâchera pas l'intrigue, il n'en comporte pas. Et pour cause, l'auteur de cet essai ne cherche pas à vous embarquer dans une histoire et encore moins à vous aiguiller sur l'identité d'un meurtrier - de toute manière, croyez-en ma longue expérience de lecteur, c'est toujours le majordome - mais plutôt à éclaircir la zone d'ombre dans laquelle évoluent les morts-vivants.
"Plus qu'un cauchemar, moins qu'un mythe, plus qu'un personnage de fiction mais moins qu'une idole, le zombie incarne peut-être les tumultes, l'hyperconnectivité et la surmédiatisation d'une modernité où les humains n'ont plus une réelle présence au monde mais un rapport évanescent à celui-ci."
Comme vous l'avez saisi à la lecture du sous-titre, "des origines traditionnelles à la pop culture", Lionel Obadia, docteur en sociologie et professeur d'anthropologie, s'interroge sur les origines du zombie, sur le mythe qu'il incarne, son exploitation et ses différentes interprétations. S'inspirant de nombreuses références empruntées au cinéma, à la littérature ou encore aux jeux, il confronte culture et imaginaire, société et politique, entreprend un vaste tri entre toutes ces informations et cherche à distinguer la croyance du fantasme.
La conclusion est séduisante et, ce qui ne gâche rien, plutôt bien formulée. Mais elle est attendue, de même que le processus qui y mène. En effet, après avoir épluché les références les plus incontournables et en avoir tiré les déductions les plus flagrantes, l'auteur arrive exactement là où on l'attendait. Cela dit, pour sa défense, pouvait-il réellement ne pas dérouler la bobine de l'effondrement de la société, de la peur de la maladie et de l'étranger, ou du manque de sentiments de nos concitoyens ? Il faut reconnaître qu'il était tentant de voir dans le zombie le portrait de nos contemporains déshumanisés et rendus apathiques par un mode de vie basé sur l'assistanat, le temporaire et le périssable. Mais, dans ce cas, l'entreprise n'était-elle pas tout simplement vaine ?
Un essai qui, à défaut de vous retourner le cerveau, pourrait vous donner envie de dévorer celui des autres.
Tout ça. Moi qui ne connais rien aux zombies.
RépondreSupprimerC'est un vaste sujet que je t'invite à explorer.
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