Philippe Jaenada
La serpe
Ed. Julliard
Georges Arnaud, l'auteur du Salaire de la peur,
est un homme intelligent, un romancier brillant et un aventurier dans
l'âme. Là-dessus, tout le monde est à peu près d'accord. Pour certains,
c'est également un type louche, peu fréquentable. Pour d'autres, juste
quelqu'un de normal. Mais ce qui fait débat, c'est surtout de savoir
s'il a ou non assassiné de sang froid une partie de sa famille. A la serpe. Pas
moins. Pour la justice des hommes, il est innocent. Mais, pour Philippe
Jaenada, l'affaire est loin d'être claire.
Dans son nouveau livre, l'auteur du Chameau sauvage enfile sa casquette d'enquêteur et, soixante-dix ans plus tard, rouvre le dossier pour mener sa propre enquête. Il saute dans sa
voiture, direction la scène du crime. Se mettant alors largement en scène, il abat un travail monumental. Car derrière le ton léger, l'humour moqueur, les multiples digressions personnelles et les réflexions impertinentes se dissimule une sérieuse besogne. Il n'hésite pas à interroger tous ceux qu'il croise, à éplucher des montagnes de
documents et de sources, à contrôler par lui-même les éléments du dossier et à se mettre dans la peau des protagonistes. Vous y apprendrez tout de cette histoire sordide et sanglante ainsi que du procès à rallonge et à rebondissements qui en a découlé.
La serpe est un peu plus qu'un Pierre Bellemare amélioré et n'est pas à proprement parler un roman. A la fois document biographique, retour sur une obscure affaire judiciaire, portrait d'une époque, ouvrage de non-fiction, recueil d'histoires drôles et voyage introspectif, c'est un travail impressionnant, hyper documenté mais d'une incroyable fluidité. Et vous y trouverez de nombreuses références littéraires. D'ailleurs, il y a fort à parier que vous voudrez lire les ouvrages précédents de l'auteur, à commencer par La petite femelle (il fait sa promotion au passage et il la fait bien - on n'est jamais mieux servi que par soi-même), ainsi que, bien entendu, si ce n'est déjà fait, les ouvrages de Georges Arnaud. Mais aussi, voire surtout, vous mourrez d'envie de vous lancer dans le Journal de Maurice Garçon, l'avocat du suspect, un personnage charismatique, à l'esprit vif et à l'imposante présence, à mes yeux le vrai héros de l'affaire - et du livre, que j'ai lu en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, fébrile et passionné.
Mais alors, Georges Arnaud, me direz-vous, tueur sanguinaire ou victime des circonstances ? Le mieux pour se faire un avis est encore de se lancer dans cet ouvrage. Perso, je me suis fait mon idée.
Mais alors, Georges Arnaud, me direz-vous, tueur sanguinaire ou victime des circonstances ? Le mieux pour se faire un avis est encore de se lancer dans cet ouvrage. Perso, je me suis fait mon idée.
Je l’ai recommandé autour de moi. Très très bons retours.
RépondreSupprimerDe mon côté, j’ai eu du mal avec les premières pages que j’ai du relire à tel point que je me suis demandé si je n’étais pas en train de lire Proust Ah Ah..
Après ça été j’ai pris l’habitude du style de l’auteur.
Ah, ce style ! C'est d'une grande fluidité, il donne l'impression d'avoir écrit tout son livre sans avoir jamais levé son stylo. J'adore !
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