Robert E. Howard
Conan (Tome 2 - L'Heure du dragon)
Ed. Bragelonne
Si on en croit l'appareil critique de Patrice Louinet, l'année 1934 - tout au moins les six premiers mois - voit un Robert E. Howard au sommet de son art. Il s'essaie à la forme longue et produit L'Heure du dragon, un roman qui confirme son talent et prouve qu'il est aussi à l'aise avec la forme longue qu'avec la forme courte. Pour rappel, le premier volume de l'intégrale Conan n'était composé que de nouvelles. Celui-ci n'en comporte que deux, qui viennent encadrer le roman. Et quel roman !
L'Heure du dragon est une aventure passionnante dans laquelle notre héros, roi détrôné par une conspiration maléfique, part à la reconquête de son royaume. Conan est égal à lui-même, droit, viril, déterminé, et les personnages secondaires ont un relief qui jusqu’à présent leur manquait parfois dans les nouvelles. Si la construction est globalement maîtrisée, la trame semble ici ou là un peu confuse et donne l’impression que les transitions manquent à l’appel, ce que l’on comprend mieux à la lecture des synopsis en fin d’ouvrage, très détaillés mais parsemés de blancs. Pour autant, la lecture est rythmée et sans temps morts.
La langue est riche et les scènes guerrières sont impressionnantes et particulièrement prenantes. Certains épisodes sont d'anthologie et quelques descriptions de batailles mériteraient d'être intégralement reportées ici pour étayer mon propos. Je ne doute pas une seconde que vous saurez auxquelles je fais allusion quand vous les lirez. Mais pourtant, si je ne devais retenir qu'une seule scène de ce livre, ce n'en serait pas une du roman mais plutôt celle de la crucifixion de Conan dans la nouvelle qui clôt le recueil, Une sorcière viendra au monde. On y voit le Cimmérien "cloué comme un lièvre sur une croix de bois", en plein soleil, guetté par les vautours. C'est un passage bluffant, dont la force d’évocation n’a d’égale que sa rare violence et son extrême sauvagerie, un passage très bien rendu par l'illustration de Gary Gianni - même si dans l'ensemble j'ai préféré les illustrations du premier volume, signées Mark Schultz.
Encore une fois très documenté, même si la majorité des appendices s'adresse surtout aux amateurs, ce volume des aventures de Conan est un ouvrage solide. Il n’est pas parfait, loin de là, mais il est puissant et pourrait bien être indispensable. Et, par Crom, il appelle assurément le troisième et dernier tome de ces œuvres établies à partir des manuscrits originaux et proposées pour la première fois dans leur version authentique.
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