jeudi 6 octobre 2022

Jerry Sohl - L'aiguille de Costigan

Jerry Sohl L'aiguille de Costigan L'Arbre Vengeur
Jerry Sohl 

L'aiguille de Costigan 

Ed. L'Arbre Vengeur 


Vous vous souvenez de cette pub Kiss Cool ? Celle avec le type déguisé en gros lapin bleu ? Figurez-vous que je me suis vu à sa place le temps de ma lecture de L'aiguille de Costigan. Et pour cause, telle la fameuse pastille rafraîchissante, le roman de Jerry Sohl produit son double effet.
 
Le premier effet survient dès les premières pages, dès la présentation du professeur Costigan et de sa formidable invention qui permet de voyager dans un autre univers ! Le problème est qu'on ignore ce qu'il advient de ceux qui y pénètrent... Les volontaires pour le voyage ne reviennent pas, le scientifique mène des expériences, ses associés échafaudent des hypothèses et tous plongent le lecteur dans le merveilleux scientifique le plus riche et le plus réjouissant.
 
Le deuxième effet se produit vers la moitié de l'intrigue quand, suite au comportement hasardeux d'un illuminé, la machine engloutit des centaines de personnes innocentes. Les protagonistes, projetés dans un lieu inconnu et un temps indéterminé, sont contraints de devoir improviser les moyens de leur propre survie. Alors, après la conjecture rationnelle vient le moment de la robinsonnade !

La pastille a ses deux effets qui, l'un et l'autre, fonctionnent sur des principes très différents mais assument pleinement leurs genres respectifs. Le premier explore le mystère, la curiosité et pousse l'abstraction assez loin. Le second est pour sa part plus pragmatique et propose une critique de la société, expéditive et sans détour, assez juste mais sans doute un peu naïve. En effet, même si chacun est arrivé avec ses compétences et ses connaissances et même si tous font preuve d'ingéniosité et de ressources, qu'une petite dizaine d'années seulement soit nécessaire à nos rescapés pour, une fois comblés leurs besoins primaires, établir une société à la pointe de la technologie me laisse sceptique. Quoi qu'il en soit, l'auteur assume ce parti pris et met à profit les deux parties pour, je crois, en venir à son objectif : rappeler quelques fondamentaux sur la vie en société ainsi que tirer à boulets rouges sur le prosélytisme et l'extrémisme religieux.
 
Tout comme le professeur Costigan expédie la matière vivante dans un autre monde, ce classique méconnu d'un auteur confidentiel propulse le lecteur dans un roman de genre foisonnant, malin et totalement inattendu. Puis dans un autre. C'est le double effet Jerry Sohl !

2 commentaires:

  1. À deux doigts de t'imaginer en lapin bleu à chaque fois que je vais voir ton pseudo...
    En tout cas la métaphore fait pleinement sens même dans l'ordre des effets : d'abord la fraîcheur, ensuite la satisfaction du terrain conquis.

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    1. J'avais hésité entre cette métaphore et celle de la boîte de nuit en mode deux salles, deux ambiances. J'ai eu bien raison d'en rester au gros lapin bleu !

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