mardi 1 novembre 2022

Pierre Bayard - Et si les Beatles n'étaient pas nés ?

Pierre Bayard 

Et si les Beatles n'étaient pas nés ? 

Ed. Minuit 


Il y a quelques années, une fois n'est pas coutume, je n'avais pas été complètement convaincu par Il existe d'autres mondes, l'essai de Pierre Bayard sur les univers parallèles. Dieu sait pourtant si je suis un inconditionnel de l'auteur et si c'est, en plus, un sujet qui me parle. Ça ne m'a pas empêché, dans ce monde-ci comme dans un autre, de me plonger dans sa nouvelle variation sur le même thème. Et avec beaucoup d'attention.
 
Pierre Bayard Et si les Beatles n'étaient pas nés Minuit paradoxe
Repoussant encore une fois les limites de la critique et adoptant une approche toujours plus originale, l'auteur d'Aurais-je été résistant ou bourreau ? applique la théorie quantique au monde de la culture. Il redistribue ici les cartes de la notoriété ou de la reconnaissance et, s'interrogeant sur la manière dont la lumière projetée sur certains artistes en a malencontreusement éclipsé d'autres, il propose de sortir de l'ombre celles et ceux qui s'y sont égarés. Comme on le comprend au fil de la lecture, l'objectif de Pierre Bayard est plus complexe que de simplement constater à quel point Cholokhov est moins fameux que Pasternak ou Jonson que Shakespeare. Dans ce qui ressemble à la fois à une démonstration de style et à un cours de culture appliquée, il resitue les œuvres dans leur contexte et revient sur les conditions dans lesquelles elles ont été créées. Surtout, il tâche d'expliquer pourquoi tout le monde ne peut bénéficier de la même visibilité et en quoi on peut estimer que certains ont plus marqué leur domaine ou leur époque que d'autres. Puis, dans un soucis quantique, il propose un angle d'observation inédit et alternatif qui remet en cause nos certitudes. Cet essai permet ainsi de rétablir une certaine forme d'équité et de réhabiliter des artistes qui, ne l'oublions pas, bénéficient peut-être d'un meilleur accueil dans un autre monde.
 
Contrairement à ce qu'indique le titre, il n'est donc pas exclusivement question des Beatles. Certes, le premier chapitre nous plonge bel et bien à Liverpool mais, quelques pages plus loin, l'auteur étend son étude et les quatre garçons dans le vent laissent leur place à Rodin, puis à Marx, Labé, Proust ou encore Beauvoir. En effet, sculpture, littérature, musique ou peinture, sa théorie sur l'ombre et la lumière est applicable à toutes les facettes de la culture. De fait, c'est toute la culture qui bénéficie de l'éclairage que diffuse ce passionnant essai d'uchronie. Mais alors, dans ce cas, qui - ou quoi - se retrouve maintenant dans l'obscurité ?

2 commentaires:

  1. Ayons aussi une pensée pour ce livre/auteur qui n'a pas été publié (ou lu, tout du moins) parce que celui-ci existe.

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    1. Il l'a sans aucun doute été dans un univers parallèle.

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