Jean-Gaston Vandel
Alerte aux robots !
Ed. Fleuve Noir
La paix mondiale est réglée depuis plus de deux siècles. Les humains, qui vivent bienheureux, connectés à travers le globe par les intégrateurs électroniques ministériels de tous les pays, sont assistés au quotidien par des intelligences artificielles qui les lavent, les nourrissent, les soignent, les divertissent. Mais il se produit ce jour-là un accident. Puis un autre. Et encore un autre. Tant et si bien que le doute n'est plus possible : les robots se révoltent !
Rapidement, l'anarchie la plus complète règne dans le pays, aussi bien dans les villes que dans les territoires interurbains. Partout, désordres et manifestations se multiplient, la paralysie
totale des cités désorganise toute l'activité humaine et disloque
l'ordre social...
"La famine faisait de nombreuses victimes, car les gens avaient désappris à vivre des végétaux. Le bétail n'existait plus depuis des siècles. Le manque d'hygiène et de confort provoquait le réveil virulent de maladies oubliées. Les hommes, privés de leurs esclaves modernes, se sentaient perdus et ne parvenaient pas à recréer un monde. Faute d'énergie morale, de moyens matériels, de compétences, ils étaient pareils à des enfants abandonnés dans un univers hostile."
Mais c'était sans compter sur Nic Vicar, l'homme de la situation : il est courageux, solide et, surtout, contrairement à ses concitoyens, il n'est pas du tout anémié par la super-civilisation. Il va, à lui seul ou presque, défier le
Centre-World-Brain, un cerveau électronique géant enfermé dans la
forteresse de Joe Island dans le Pacifique !
Rarement un titre de cette mythique collection Anticipation ne m'aura semblé aussi crédible. Certes, tout sonne faux dans ce roman dont la trame ne brille ni par sa subtilité, ni par sa cohérence, et qui finit par s’empêtrer dans ses lourdeurs et ses maladresses. Mais l'idée, qui propose en filigrane une illustration de la fable de Prométhée, ne peut que parler aux lecteurs de notre génération, même si l'auteur ne s'interroge pas vraiment sur notre dépendance aux robots - ou aux algorithmes. Moins axée autour de notre rapport aux machines ou d'une problématique technologique, sa question prend une tournure plus abstraite - elle n'en est pas moins intéressante : dans quelle mesure un cerveau (électronique) se trouverait-il capable, à la suite d'une
vexation, de produire dans ses mystérieux organes (électriques) une prise
de conscience hostile aux Hommes ? Le désir engendre-t-il nécessairement la frustration ? La susceptibilité ? Et qu'en est-il du sentiment d'injustice ?
"Le sentiment de l'injustice - une des plus évidentes réalités de toute pensée raisonnante - s'était brusquement éveillé dans les réseaux subtil et complexe d'un automate. Et de là, conséquence logique, était née l'impulsion rebelle."
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