Affichage des articles dont le libellé est Vandel (Jean-Gaston). Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vandel (Jean-Gaston). Afficher tous les articles

vendredi 4 août 2023

Jean-Gaston Vandel - Attentat Cosmique

Jean-Gaston Vandel Attentat Cosmique anticipation Fleuve Noir
Jean-Gaston Vandel 

Attentat Cosmique

Ed. Fleuve Noir 


Au-delà de Pluton - encore la neuvième planète du Système Solaire à l'époque de la publication de ce livre - gravite un monde inhospitalier et pourtant peuplé. Et à quoi en ressemblent les habitants ? Ça dépend des passages. L'auteur, qui semble n'avoir jamais complètement tranché quant à l'aspect de ses extraterrestres, les qualifie tantôt d'"êtres fantastiques", tantôt de "monstres puissants". Une chose est sûre, ils sont pourvus de "sept jambes ligneuses", de "trois bras tentaculaires" et sur leur "tête d'oiseau" brillent puissamment "trois yeux rouges et froidement cruels". Quoi qu'il en soit, fantastiques ou monstrueux, l'un n'empêchant d'ailleurs peut-être pas l'autre, ces extraterrestres ont décidé d'envahir la Terre. C'est ce dernier point qui nous intéresse.
"Sur 0-3, nous aurons une lumière splendide, un sol fertile, un climat réchauffé par le soleil et les courants marins. Seulement il faut d'abord exterminer ces horribles monstres chevelus qui règnent en maître sur cette planète."
Vous l'aurez compris, c'est de nous qu'ils parlent. Plutôt de vous d'ailleurs car, perso, chauve depuis l'âge de 25 ans, je ne me reconnais pas dans cette description. Bref. La planète bleue, en plus d'être la plus belle, est la seule à réunir les conditions naturelles appropriées à cette étrange race. Nos antagonistes, qui cherchent à quitter leur monde glacé et désertique où la vie est une lutte effroyable, projettent de s'y installer à la place des humains. Ils vont donc envoyer un virus pour éliminer ces derniers...

Dans une ambiance de fin du monde, alors que les fours atomiques incinèrent les morts à la lumière des lampes bactéricides, les états prennent des mesures de précaution, créent des "Compagnies Militaires Anti-Bactériologiques", mettent en place des services de l'Hygiène et isolent les personnes contaminées. Cette version pandémique du récit d'invasion extraterrestre prend alors un air de déjà-vu, jusque dans certaines de ses remarques, assez troublantes :
"Un médicament inutile fait toujours plus de bien aux malades que l'aveu d'impuissance de la Faculté."
Attentat Cosmique est un roman catastrophe de facture classique, bien ficelé et assez honnête... jusqu'à ses dernières pages. En effet, alors qu'on approche de la fin du volume sans pour autant que le clou de l'intrigue ne semble pointer le bout de son nez, l'auteur prend tout à coup conscience qu'il a épuisé son quota de feuillets. Il bâcle alors une chute en quelques paragraphes, ni vu ni connu. Après tout, qui le lui reprochera ? Ses lecteurs ? Peu probable : ceux-ci savent en entamant un de ses livres qu'il ne faut pas en attendre grand chose.

 Et pour faire le point sur ce challenge, c'est ici.




Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°21

mardi 4 avril 2023

Jean-Gaston Vandel - Le Soleil sous la Mer

Jean-Gaston Vandel Le Soleil sous la Mer anticipation Fleuve Noir
Jean-Gaston Vandel 

Le Soleil sous la Mer 

Ed. Fleuve Noir 


Dans un futur assez lointain, la Terre entière est gouvernée par une unique personne dont la puissance et l'autorité semblent sans limites. Le président Ritter, qui se voit comme le dirigeant d'une dictature planétaire éclairée, s'est imposé comme le plus grand tyran que l'Histoire ait connue. Sa volonté progressiste et ses réformes modernisatrices se sont faites par la terreur et au détriment des libertés. En toute logique, quiconque se permet de formuler la moindre critique à l'encontre de ce despote monstrueux est aussitôt traqué, arrêté et jeté dans les geôles du gouvernement.
 
Le roman s'ouvre sur la prise de conscience d'un citoyen et sur sa décision de rejoindre un mouvement de résistance. Il découvre, après avoir pris contact avec eux par les canaux clandestins, qu'un groupe de personnes déterminées a refondé une société dans les entrailles de l'Himalaya. La chaîne montagneuse, creuse, abrite la cité secrète de Minéralia, accessible uniquement par les fonds marins, autosuffisante, éclairée par des soleils gazo-électroniques et riche "de près de cent cinquante mille habitants, hommes, femmes et enfants de toutes les races". Les gens y vivent heureux, joyeux, habillés de couleurs et, surtout, loin des tourments de La Centrale du Service de la Population Terrestre et de ses fiches signalétiques sur lesquelles sont consignées les caractéristiques personnelles de tous les individus de la planète.

Dans cette lutte entre le camp des libertés et celui de la répression à laquelle ils nous proposent d'assister, vous l'aurez compris, les auteurs de Frontières du vide ne se sont pas plus encombrés du soucis de crédibilité que de nuance. Du tyran qui gouverne sur la Terre entière aux théories de la Terre creuse en passant par le fait qu'il suffise de répondre à une annonce dans un journal pour rejoindre la résistance, autant dire que plus c'est gros, mieux ça passe. Pour autant, si on écarte l’improbabilité du scénario et son manque flagrant de subtilité, il faut reconnaître à ce roman, outre sa fluidité, sa volonté de rappeler les dangers de la concentration des pouvoirs. Son intention politique est certes naïve mais elle est frappée au coin du bon sens.




Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°19

jeudi 1 décembre 2022

Jean-Gaston Vandel - Frontières du vide 

Jean-Gaston Vandel Frontières du vide anticipation Fleuve Noir
Jean-Gaston Vandel 

Frontières du vide 

Ed. Fleuve Noir 


Vous le savez, je vous l'ai déjà dit ici ou , Jean-Gaston Vandel est un pseudonyme emprunté par deux écrivains belges pour signer leurs romans de science-fiction. Deux cerveaux à la manœuvre ? Oui, et ça ne s'est jamais autant ressenti qu'avec ce titre-ci. En effet, tout dans Frontières du vide donne à penser que, le duo n'ayant pas réussi à trancher entre l'idée de l'un et celle de l'autre, il ait tenté d'assembler deux thématiques impossibles à faire fusionner. voyons ça.

Alors que des messages parviennent d'un nébuleuse noire située à des années lumières de la Terre mais qui, de manière assez inexplicable, traversent l'univers instantanément, une équipe de scientifiques, composée d'astronomes et de chirurgiens, ambitionne de monter une expédition spatiale. Mais quitte à "soulever un coin du voile recouvrant l'un des plus bouleversants mystères qui ait hanté l'esprit humain", autant faire d'une pierre deux coups ! Donc, plutôt que d'envoyer au casse-pipe de valeureux astronautes triés sur le volet, les savants ont l'idée de se rabattre sur les corps que les médecins viennent justement de déterrer illégalement dans un cimetière voisin et de ramener à la vie par un procédé expérimental. 
 
N'en jetez plus ! Pourquoi, quand on peut cocher les deux cases, choisir entre expérience interdite et communication avec l'au-delà, entre existence d'une intelligence dans le cosmos et vie après la mort ? Pourquoi ? Sans doute parce que, ne sachant sur quel pied danser, le roman finit inévitablement, tel l'âne de Buridan, les quatre fers en l'air.





Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°17

lundi 21 novembre 2022

Jean-Gaston Vandel - Alerte aux robots !

Jean-Gaston Vandel Alerte aux robots Fleuve Noir anticipation
Jean-Gaston Vandel 

Alerte aux robots ! 

Ed. Fleuve Noir 


La paix mondiale est réglée depuis plus de deux siècles. Les humains, qui vivent bienheureux, connectés à travers le globe par les intégrateurs électroniques ministériels de tous les pays, sont assistés au quotidien par des intelligences artificielles qui les lavent, les nourrissent, les soignent, les divertissent. Mais il se produit ce jour-là un accident. Puis un autre. Et encore un autre. Tant et si bien que le doute n'est plus possible : les robots se révoltent !
 
Rapidement, l'anarchie la plus complète règne dans le pays, aussi bien dans les villes que dans les territoires interurbains. Partout, désordres et manifestations se multiplient, la paralysie totale des cités désorganise toute l'activité humaine et disloque l'ordre social...
"La famine faisait de nombreuses victimes, car les gens avaient désappris à vivre des végétaux. Le bétail n'existait plus depuis des siècles. Le manque d'hygiène et de confort provoquait le réveil virulent de maladies oubliées. Les hommes, privés de leurs esclaves modernes, se sentaient perdus et ne parvenaient pas à recréer un monde. Faute d'énergie morale, de moyens matériels, de compétences, ils étaient pareils à des enfants abandonnés dans un univers hostile."
Mais c'était sans compter sur Nic Vicar, l'homme de la situation : il est courageux, solide et, surtout, contrairement à ses concitoyens, il n'est pas du tout anémié par la super-civilisation. Il va, à lui seul ou presque, défier le Centre-World-Brain, un cerveau électronique géant enfermé dans la forteresse de Joe Island dans le Pacifique !

Rarement un titre de cette mythique collection Anticipation ne m'aura semblé aussi crédible. Certes, tout sonne faux dans ce roman dont la trame ne brille ni par sa subtilité, ni par sa cohérence, et qui finit par s’empêtrer dans ses lourdeurs et ses maladresses. Mais l'idée, qui propose en filigrane une illustration de la fable de Prométhée, ne peut que parler aux lecteurs de notre génération, même si l'auteur ne s'interroge pas vraiment sur notre dépendance aux robots - ou aux algorithmes. Moins axée autour de notre rapport aux machines ou d'une problématique technologique, sa question prend une tournure plus abstraite - elle n'en est pas moins intéressante : dans quelle mesure un cerveau (électronique) se trouverait-il capable, à la suite d'une vexation, de produire dans ses mystérieux organes (électriques) une prise de conscience hostile aux Hommes ? Le désir engendre-t-il nécessairement la frustration ? La susceptibilité ? Et qu'en est-il du sentiment d'injustice ?
"Le sentiment de l'injustice - une des plus évidentes réalités de toute pensée raisonnante - s'était brusquement éveillé dans les réseaux subtil et complexe d'un automate. Et de là, conséquence logique, était née l'impulsion rebelle."





Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°15

jeudi 8 septembre 2022

Jean-Gaston Vandel - Les Chevaliers de l'Espace (la trilogie)

Jean-Gaston Vandel

Les Chevaliers de l'Espace (la trilogie)

Ed. Fleuve Noir

 
Quand deux écrivains belges décident d'écrire une série à quatre mains, ils fusionnent leurs deux prénoms en un, se bricolent un patronyme et imaginent une intrigue d'anticipation qui mêle leur idéologie un peu naïve de pacifisme et d'anti-militarisme. Ainsi, dans le futur, trois grands Empires se partagent équitablement la Terre...

1 - Les Chevaliers de l'Espace

 
Trois grands Empires se partagent donc équitablement la Terre. Mais, comme on le découvre dès les premières pages du roman, l'Empire Asiatique fulmine et n'entend plus se contenter de son tiers. Ses dirigeants estiment que "la race jaune doit gouverner !" Alors ils décident, de manière un peu radicale sans doute, de prendre les choses en main et d'éradiquer de la carte quelques grandes capitales européennes, ni plus ni moins. C'est un avertissement comme un autre.

Depuis l'ultimatum asiatique, la planète vit dans l'angoisse. Or, inexplicablement, tous les missiles ratent leurs cibles et s'abîment en mer sans même avoir explosé. Défaillance technique, erreur humaine, sabotage, mutation du magnétisme terrestre, aberrations météorologiques ? Toutes les hypothèses sont étudiées jusqu'au jour où cette interférence est revendiquée par les Chevaliers de l'Espace, des gardiens de la paix spatiale, tout de blanc vêtus, qui imposent à chacun de vivre dans l'harmonie, la compréhension et l'acceptation, sans quoi ils prendront les mesures qui s'imposent...
 
Les deux personnages principaux, Fédor Obienko, capitaine dans l'armée Jaune, et sa fiancé, Kate Lincoln, une belle américaine, jeune et élancée, vivent ces évènement chacun d'un côté de l'océan, inquiets l'un pour l'autre. Pendant ce temps, les Chevaliers, qui semblent dotés d'une puissance inouïe et d'une technologie de pointe mais qui demeurent difficiles à comprendre (n'oublions pas que "la seule chose au monde qui fût plus énigmatique qu'un Chevalier de l'Espace, c'était la Femme"), tentent d'apaiser les craintes légitimes des terriens à coups de mystérieuses déclarations laconiques :
"L'arbre sera jugé sur ses fruits..."

 

2 - Le Satellite Artificiel 


Sept ans ont passé depuis les évènements du premier volume. La paix est parfaite, les organisations militaires dans les trois Empires qui se partageaient la Terre ont été supprimées et, alors que Kate Lincoln est évidemment devenue femme au foyer, Fédor Obienko remplit les fonctions de surveillant technique de toutes les Centrales de Communication Radio de l'Asie Méridionale. Il a d'ailleurs prêté serment de toujours mettre la Paix Mondiale au-dessus de tout, même des intérêts de sa propre patrie, et de se sacrifier pour cette noble cause s'il le fallait  !

La vie a repris son cours, jusqu'au jour où on annonce dans le journal imprimé à domicile - qui a supplanté l'ancien système de journal télévisé - que trois paquebots aériens de la même ligne sont tombés les uns après les autres, sans raison apparente, et cela à quinze jours de distance. Voilà qui est d'autant plus inquiétant que nul accident ne s'est produit depuis sept ans. Plus inquiétant encore, c'est maintenant Paxopolis, la Cité Aérienne depuis laquelle les Chevaliers de l'Espace observent la Terre et en contrôlent la paix et la bonne marche, qui commence à perdre de l'altitude...

La revendication ne tarde pas : 
"Demain commence un nouveau chapitre de l'Histoire du Monde : l'âge glorieux de l'Islam s'ouvre. Notre mission va s'accomplir selon la volonté du Prophète. L'ordre musulman va régner désormais sur la Terre."

3 - Les Astres Morts 



vandel astres morts fleuve noir anticipation
Alors que cet opus s'ouvre sur une présentation des protagonistes et rappelle dès les premières pages qu'il est préférable d'avoir lu les deux premiers volumes avant de s'y lancer, j'ai passé presque tout le roman à essayer de rattacher ce wagon aux précédents. Le temps que j'y parvienne, le train était passé, emportant avec lui les nombreux éléments qui font que cette intrigue est trop alambiquée et dispersée pour bien fonctionner. Paradoxalement, ces éléments en font sans doute le "meilleur" volume de la trilogie.

Kate et Fédor semblent relégués au second plan, remplacés par de nouveaux venus parachutés dans une suite qui n'en est pas totalement une. Les Chevaliers de l'Espace n'ont plus le beau rôle, il faut même, au cas où on aurait oublié de qui il s'agit, refaire la présentation de cette autorité "grande, souveraine et juste", capable de "bouleverser les conceptions les mieux établies et de se révéler d'une incomparable utilité." À la place, loin des problématiques des premiers volumes, l'intrigue s'ouvre sur des expériences de téléportation et introduit des personnages dotés d'une double vision. Mais à peine abordée la piste de réflexion sur les risques liés aux avancées scientifiques, le roman s'oriente vers une histoire d'invasion extraterrestre. Horreur ! Des créatures venues d'un autre monde "ont délibérément, mathématiquement, dirigé la comète sur la Lune pour que celle-ci, à son tour, percute la Terre" !
 
---
 
Que retenir de cette trilogie ? Sans aucun doute sa grande naïveté. Les romans dégoulinent de candeur et de bienveillance, jusqu'à une chute digne des "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" des contes de notre enfance. La conclusion tant attendue après trois volumes d'une égale niaiserie, peu convaincants mais malgré tout assez captivants et pas trop mal construits, est une apothéose ! Allez, inutile de vous faire languir plus longtemps, je vous sers sur un plateau l'ultime phrase du cycle et je laisse ainsi aux auteurs le mot de la fin :
"Et l'Histoire nous enseigne que, depuis lors, plus aucun évènement n'est venu troubler le développement de l'Humanité."
 
Et pour faire le point sur ce challenge, c'est ici.  






Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°7, 10 & 11

jeudi 18 août 2022

Jean-Gaston Vandel - Territoire Robot

Jean-Gaston Vandel Territoire Robot Fleuve Noir anticipation
Jean-Gaston Vandel 

Territoire Robot 

Ed. Fleuve Noir

 
Sous prétexte d'aller découvrir sur Vénus des plantes qui produisent naturellement ce que les laboratoires de pharmacie s'acharnent à créer, Manders, un richissime businessman, embarque dans sa fusée en direction de Mercure. Son projet : conquérir secrètement la planète grâce à sa flotte de robots. Malheureusement, une fois ceux-ci posés sur le sol de ce "caillou torride et glacé", l'astronef explose, tuant l'homme à la tête de cette opération. Abandonnés à leur sort, les robots vont exécuter les ordres pour lesquels ils sont venus…
 
Si le roman partait dans la bonne direction et laissait présager une variation aussi libre qu'originale sur le thème des lois de la robotique, il est malheureusement assez évident qu'il ne tiendra pas ses promesses. On comprend même assez vite que les deux écrivains qui se dissimulent derrière ce pseudonyme ne se donneront pas la peine d'exploiter leur bonne idée de départ et qu'ils aiguilleront plutôt leur roman sur la piste de la facilité, au risque de proposer une intrigue tiède, simpliste et cousue de fil blanc. C'est dommage mais il sera donc moins question d'obéissance aveugle, d'interprétation des ordres, de robotique ou de mégalomanie que de romance naïve et caricaturale sur fond de conquête spatiale et d'approximations scientifiques.  
 
 
Et pour faire le point sur ce challenge, c'est ici.  



Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°43

vendredi 30 avril 2021

Jean-Gaston Vandel - Le troisième bocal

Jean-Gaston Vandel Le troisième bocal fleuve noir anticipation

Jean-Gaston Vandel 

Le troisième bocal

Ed. Fleuve Noir 

 
Tout comme le baron de Münchhausen chevauchait un boulet de canon pour traverser le ciel, quatre scientifiques se rendent aux confins de la galaxie agrippés à une comète. Maillet, Sprague, Bourbakof et Chingford, qui éprouvent l'impérieuse nécessité de mener des investigations dans l'espace, posent le pied sur un humble astéroïde dédaigné par les télescopes. Ils en repartent avec de nombreux bocaux remplis d'échantillons mais ignorent encore que ce que renferme l'un d'entre eux, le troisième, bouleversera l'existence de l'humanité !

Ce roman d'anticipation est plaisant à lire mais son scénario, bancal et incohérent, est bricolé de raccourcis et de facilités. Les deux écrivains belges dissimulés derrière ce pseudonyme ont de bonnes idées mais ne les exploitent pas suffisamment, voire les gâchent malheureusement par un traitement oisif ou par ce qui s'apparente à de la fainéantise*. Leur absence de rigueur, qui est à l'image de celle des personnages du roman, est heureusement compensée par la fluidité de leur plume et une utilisation habile des accroches de fin de chapitre. C'est sans doute grâce à ce dernier point qu'ils réussissent l'exploit de ne pas perdre leur lecteur en route.
 
*Ce point est développé dans les commentaires.
 





Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°77

samedi 16 mai 2020

Jean-Gaston Vandel - Incroyable futur

Jean-Gaston Vandel Incroyable futur Fleuve Noir anticipation

Jean-Gaston Vandel 

Incroyable futur 

Ed. Fleuve Noir 


Bill Cardell est un homme gris et effacé, qui vit avec sa mère, repousse inlassablement son mariage avec Hallis et occupe discrètement un petit poste de chimiste dans un grand laboratoire pharmaceutique. Mais, après six ans de dur labeur dans son atelier personnel, il a enfin mis au point une invention qui pourrait tout changer, à son échelle et à celle du monde !

Quand le roman s'ouvre, le chimiste s'apprête à devenir le cobaye de sa propre expérience. Deux pilules et trente minutes plus tard, il peut lire les pensées des gens ! Les conséquences ne se font pas attendre. Il se met le patron à dos et perd son poste. Frankie, son seul ami, un artiste plein de bon sens auquel il a confié son secret, lui déconseille de diffuser sa trouvaille. Surtout il le met en garde.
"Tu risques de sombrer très vite dans la plus ténébreuse neurasthénie ! Quand tu découvriras à quel point les gens sont menteurs, hypocrites, pleins de ruses et de petits calculs malhonnêtes, tu vas te sentir prodigieusement écœuré par la laideur du genre humain..."
Le roman s'annonce alors comme un concentré de désespoir, jubilatoire pour qui, comme moi, aime la littérature pessimiste et les œuvres sombres. Et en effet, les mésaventures du personnage lui font mesurer "la fourberie consciente ou inconsciente de la plupart des gens", ne le confrontent qu'à une certaine forme de bassesse et le poussent à la tristesse et à la désillusion.
"Le monde est écœurant, voilà la vérité. La société est bâtie sur l'hypocrisie, l'ordre repose sur des bases fausses, les sentiments qu'on affiche et qu'on honore publiquement sont méprisés en secret. Chacun pratique un jeu égoïste tout en affectant d'obéir à des mobiles élevés !... Non, franchement, lire dans l'esprit des gens n'est pas un exercice à recommander ; on n'y récolte que dégoût et déception."
Rapidement repéré et traqué par un agent secret machiavélique et dévoré par l'ambition, il erre sans but, résigné. C'est là qu'il va rencontrer un homme dont il ne peut bizarrement pas lire les pensées. Et pour cause, cet homme est... différent...

À ce point du récit, l'auteur change son fusil d'épaule et abandonne en partie son idée de départ. Surtout, il troque sa morosité contre un optimisme éthéré. Ainsi, le chimiste va entreprendre de changer les choses. Il se met à espérer, persuadé que ses concitoyens ne sont pas irrécupérables et qu’il peut faire disparaître "la cupidité, l'ambition personnelle, le mensonge systématique". Il se lance alors dans une lutte pour faire naître sur la planète "une ère nouvelle de progrès, de prospérité, de grandeur spirituelle". Il veut mettre fin aux guerres, empêcher les hommes de s'entre-tuer et leur faire prendre conscience "que la haine est stérile, que la vie nous a été donnée pour la Joie."

La seconde moitié du livre, qui a des airs de profession de foi d’une candidate à l’élection de Miss France, m’a forcément moins enthousiasmé. Pour autant, le roman reste convaincant tout du long.

J'aurais juste voulu que ça finisse mal. C’est plus fort que moi.




Et pour suivre l’avancée du projet Objectif "231", cliquez sur la fusée !

FNA n°24