Walter Tevis
L'arnaqueur
Ed. Gallimard
Presque vingt-cinq ans avant d'avoir élevé les échecs au rang des beaux-arts avec Le jeu de la dame, Walter Tevis avait déjà accompli cet exploit avec le billard. Mais avoir réussi à placer un jeu - ou un sport, question de point de vue - sur un piédestal n'est pas l'unique point commun entre ces deux livres. Ni d'ailleurs avec le reste de son œuvre. En effet, ce premier roman, publié en 1959, contient déjà les principaux éléments autobiographiques qui jalonneront la carrière de l'auteur et que l'on retrouvera sous une forme ou une autre dans chacun de ses livres : jeux, solitude et addictions.
Ce roman, dont une première version est d'abord parue sous forme de nouvelle dans Playboy deux ans auparavant et qui sera par la suite adaptée au cinéma avec Paul Newman dans le rôle titre, met en scène un certain Eddie Felson, un joueur de billard qui écume les salles et multiplie les arnaques. Jeune et brillant, il est dévoré par l'ambition mais, s'il rêve d'affronter les meilleurs, il est trop dispersé pour parvenir à canaliser son talent et atteindre son but : devenir le plus grand. Or, pour gagner, encore faut-il vraiment le désirer. Eddie Felson a-t-il cet état d'esprit ? C'est là le sujet du livre.
L'arnaqueur est donc autant un roman sur le billard qu'une réflexion sur la mentalité des vainqueurs - et des perdants - dont le point de bascule est illustré par le parcours d'Eddie. À ce titre, entre des parties documentées et immersives, il conceptualise les notions abordées, le tout avec passion. Mais, bien que le livre se dévore d'une traite et soit captivant de bout en bout, sa fin laisse comme une impression de "trop peu". L'intrigue est courte, les évènements s'enchaînent et se terminent vite, les personnages quittent la scène à peine arrivés. Par moments, l'auteur donne même l'impression de s'être plus concentré sur la description des atmosphères et des lieux que sur son histoire et le destin de ses protagonistes. S'en serait-il d'ailleurs rendu compte ? C'est possible car il donnera une suite à ce roman. Publié en 1984, La couleur de l'argent voit surgir un Eddie Felson vieillissant et que plus personne n'attendait, venu finir le travail. Paul Newman endossera ce rôle une nouvelle fois, en 1986, soit deux ans après la mort du romancier.
Je ne connais que via les films - surtout "La Couleur de l'argent", j'ai moins de souvenirs de "L'Arnaqueur" - qui ont l'air d'être plutôt de bonnes adaptations ? Je viendrai peut-être un jour aux romans, parce que Walter Tevis.
RépondreSupprimerComme toi, je connaissais surtout le film de Scorsese. Et, comme toi, je suis venu au roman pour cette raison : parce que Walter Tevis.
SupprimerC'est vrai que Walter Tevis c'est... :-)
SupprimerC'est le mot.
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