Agatha Christie
Le train de 16h50
Ed. Le Masque
Même si je n'ai pas été complètement convaincu par Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet, ce roman d'Antoine Bello sera au moins parvenu à me communiquer son enthousiasme pour Agatha Christie. À peine refermé ce polar, j'en ouvre donc un signé de la "Reine du Crime", classique d'entre les classiques, Le train de 16h50.
Le 16h50 à destination de Brackhampton dans lequel a pris place Elspeth McGillicuddy se fait doucement doubler par un autre train. La passagère regarde défiler les wagons qui finissent par se stabiliser à sa hauteur. Là, horreur, elle aperçoit un homme, de dos, étrangler une femme aux yeux exorbités. Le train reprend de la vitesse et disparaît, emportant la victime et son assassin. Arrivée à destination, notre témoin se rend chez son amie, Miss Marple, et lui relate les évènements, toujours sous le choc de ce à quoi elle vient d'assister.
La première moitié du roman est visuelle, très graphique, et laisse une grande place à la spéculation. La seconde, beaucoup plus classique et parfois un peu confuse, prend ses distances avec la voie ferrée et se déroule dans une vaste demeure habitée par une famille noble un brin dégénérée. Les différents membres qui la composent correspondent à des clichés attendus, entre le vieux rapiat, la fille dévouée et le fils artiste, autour desquels papillonne le petit personnel. C'est là que la liste des suspects se met en place.
Comme d'habitude chez l'autrice de Cinq petits cochons, il semble plus sage de faire preuve de modestie et ne pas chercher à trouver le fin mot de l'histoire avant qu'il ne soit servi sur un plateau. En effet, disposer de toutes les pièces du puzzle n'est pas suffisant pour pouvoir les imbriquer. Encore faut-il pouvoir dompter la logique très singulière à laquelle l'assemblage obéit. Mieux vaut donc prendre le temps d'apprécier l'ambiance, la subtilité de la plume, le brillant travail de dialoguiste, et surtout se laisser guider par la maîtresse des lieux, en particulier lorsque celle-ci installe Miss Marple aux commandes. Ceci-dit, trop âgée pour prendre part à l'enquête, "la détective en fauteuil" délègue beaucoup. D'ailleurs, Lucy Eyelesbarrow, la jeune femme qui la seconde, lui vole la vedette. Dotée d'un joli sens de la répartie, d'aplomb et de dynamisme, elle investit le devant de la scène et, offrant un contraste saisissant avec le reste des protagonistes, elle vient heureusement rehausser la distribution.
Le lecteur, passif, assiste à l'enquête jusqu'à ce que le/la coupable soit démasqué/e lors de la scène finale. La révélation est évidemment impossible à prévoir. Du moins pour moi.
Il n'était donc pas dans la liste des ouvrages divulgachés par Antoine Bello ?
RépondreSupprimerOu alors pas de manière inoubliable.
SupprimerSuper ! C'est le roman qui a été adapté dans Le crime est notre affaire, mais avec deux autres personnages de Christie, les Beresford. Donc je pense que je saurais qui est le tueur, mais je le lirai si je le croire un jour. C'est toujours plaisant, Christie.
RépondreSupprimerOn passe toujours un bon moment avec Agatha Christie. Et c'est presque plus intéressant encore de (re)lire un de ses livres en connaissant la chute. On fait alors plus attention à certains détails.
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