Pierre Bayard
Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ?
Ed. Minuit
Un auteur qui altère ou améliore la vérité est-il nécessairement un menteur ? Et d'ailleurs que signifie, en littérature, écrire un récit faux ? S'appuyant sur de nombreux exemples - des récits présentés comme authentiques mais dont la véracité semble discutable ou a été mise en défaut -, il parvient à séparer des ordres de vérités différentes. Il s'interroge alors sur l'espace intermédiaire entre le vrai et le faux, ce lieu d'invention original où surgit une forme particulière d'authenticité. Puis il invite à réfléchir à la notion de subjectivité, à repenser le concept de vérité et la conception même que nous en avons. Car il existe une forme de vérité littéraire irréductible à la vérité factuelle et qui possède sa propre légitimité.
Il prêche alors pour un droit à la fabulation et prend la défense de ceux qui fabulent, allant jusqu'à affirmer que mieux vaut valoriser cette pratique que la dénoncer. Il rend ainsi un bel hommage aux conteurs, que cet essai tente de déculpabiliser, et loue ceux qui parviennent à s'adresser à l'enfant qui sommeille en chaque lecteur, qui lui permettent de revenir à cet état psychique où la réalité ne constituait pas un obstacle insurmontable à ses désirs et où ceux-ci pouvaient s'accomplir sans se heurter à des contraintes et des interdictions.
C'est un beau combat que mène Pierre Bayard avec ce passionnant ouvrage, finalement très psychanalytique.
Ce Pierre Bayard dont tu nous vante régulièrement les qualités semble très intéressant. Par contre, pour ma part, j'ai beaucoup de mal avec les essais, et aussi la psychanalyse.
RépondreSupprimerPierre Bayard est professeur de littérature et psychanalyste. Ce sont donc les deux sujets qui prédominent dans son œuvre. Qu'il traite de l'un ou de l'autre (il est souvent question des deux), il est toujours passionnant.
SupprimerFaut lire L’affaire du chien des Baskerville.Pierre Bayard est un homme très fin,qui m’avait étonné par son analyse sur la vie des personnages des romans.Tres intéressant. Je ne connaissais pas celui-là et ta chronique est très pertinente
RépondreSupprimerJ'ai lu les quatre volumes sur le délire d'interprétation, dont "L'affaire du Chien des Baskerville". Il est excellent mais je crois que les deux concernant Agatha Christie sont encore meilleurs. C'est vrai qu'il est très fin, aussi bien dans son analyse que dans son humour provocateur.
SupprimerAprès avoir lu le passionnant Qui a tué Roger Ackroyd ? (peu après sa parution), je me souviens avoir relu attentivement le roman d'Agatha Christie : les incohérences que relève Bayard sont pertinentes mais, de façon assez amusante, la conclusion à laquelle il parvient n'est pas non plus pleinement satisfaisante, ce qui du coup incite à poursuivre cette impossible enquête…
RépondreSupprimerPour l'instant, dans le cadre de ses critiques policières, l'auteur s'est frotté à Sophocle, Shakespeare, Conan Doyle et par deux fois Christie. Tous sont d'excellents ouvrages, malins et érudits, qui invitent à s'interroger sur ce que l'on investit dans nos lectures - et accessoirement à (re)lire les œuvres d'origine.
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