Numéro 2 - Trois grenouilles
À la lecture du premier numéro de cette revue consacrée "aux nouvelles mystérieuses ou absurdes", je m'étais légitimement demandé ce qui avait pu motiver les trois fondateurs d'une telle entreprise à se lancer dans l'aventure. Simples mordus de nouvelles, passionnés de mystères et fanatiques de l'absurde ? Les hommes à la tête de cette revue cochent les cases des trois hypothèses ci-dessus. Mais ils semblent également ajouter une autre corde à leur arc : celle d'amateurs étourdis. La preuve en toutes lettres au fil des pages et jusque sur la quatrième de couverture, petites coquilles et grosses boulettes, un nom d'auteur écorché et le second numéro présenté comme étant le premier… Mais comment ne pas pardonner aux rêveurs qui, sans le vouloir, poussent l'exercice à son extrême !
Pour la deuxième fois, ces heureux étourdis réunissent des auteurs, treize pour être précis, auxquels ils ont fixé pour contrainte le sujet suivant : trois grenouilles. Si les batraciens sont dépourvus de plumes, certains des auteurs qui livrent leur interprétation sur ce thème nous prouvent qu'ils en ont une, eux ! À commencer par Guillaume Contré, qui se détache largement du lot. Celui dont je n'avais jusqu'alors noté que les talents de traducteur - ici ou là - nous apporte, avec sa réflexion sur l'ineptie des réunions, une preuve irréfutable de son style, de la richesse de sa langue et de son sens de la formule. Je suis conquis.
Le reste du peloton n'est pas très loin et propose une large variation entre la fable et l'essai, entre le court et le long. Aucun ne se distingue réellement de la masse, j'en ai peur, à part peut-être Antoine Bréa avec son histoire de corbeau - une nouvelle très, très libre sur le thème imposé. Puis, malheureusement, loin derrière, un trainard. Grégory Le Floch, le seul probablement que j'attendais au tournant, le lauréat du prix Décembre 2020 et du Wepler de la même année, chaussé de gros sabots, tombe sans finesse d'absurde en grotesque, de grossier en vulgaire et ne m'a même pas fait sourire. Dommage. Un sans-faute eut été trop beau.
Après un premier numéro en juin et un deuxième en décembre, j'imagine qu'on devrait voir paraître le prochain dans six mois. Le thème est déjà annoncé : Gros bisous. J'espère que cela inspirera les contributeurs de la troisième fournée. En ce qui me concerne, je suis sceptique et j'ignore si je serai au rendez-vous. D'ici là, de gros bisous, c'est à moi de vous en faire.
Ça a l’air aussi décalé que du Cortázar.
RépondreSupprimerBravo pour ton humour.C’est toujours un plaisir.
Attention, n'est pas Cortázar qui veut…
SupprimerEt merci. Tout le plaisir est pour moi.
12/13 c'est assez remarquable.
RépondreSupprimerEn tout cas moi je resterai au rendez-vous des annonces des thèmes suivants, pour voir si on peut surpasser la photocopieuse.
En effet, 12 sur 13 c'est plutôt pas mal. Mais je crois que j'ai tout de même préféré le premier numéro au second.
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